À l'approche de l'élection présidentielle américaine de 2024, la prévalence des opérations d'information parrainées par des États, notamment les campagnes de désinformation et de mésinformation, s'intensifie et crée des risques pour le processus électoral.
La désinformation désigne les fausses informations diffusées avec ou sans intention malveillante. La désinformation est une information délibérément trompeuse visant à manipuler la perception du public. Les plateformes de médias sociaux sont devenues des outils indispensables pour diffuser ces deux types d'informations, souvent exacerbées par l'intelligence artificielle (IA) au moyen de médias synthétiques. Les représentants du gouvernement américain ont mis en garde contre les opérations d'influence étrangères, notamment de la part de la Chine, de l'Iran et de la Russie, trois pays dont les relations avec Washington se sont détériorées.
Des incidents récents suggèrent que les campagnes de désinformation servent parfois d'écran de fumée pour des cyberattaques importantes, en ciblant de manière répétée des personnalités et des organisations politiques. En outre, les efforts de désinformation peuvent éroder la confiance et aggraver les vulnérabilités opérationnelles existantes. L'évolution rapide de l'environnement en réseau exige des individus et des entreprises qu'ils améliorent leur connaissance de la situation cybernétique et leur état de préparation. Il faut également mettre en œuvre des stratégies globales d'atténuation des risques, y compris des partenariats innovants de surveillance des médias sociaux et de partage de l'information, afin d'atténuer efficacement les menaces.
L’essentiel
- Les acteurs étatiques, en particulier la Chine, l'Iran et la Russie, vont probablement intensifier leurs efforts cybernétiques pour créer de plus grandes divisions dans un environnement politique national de plus en plus polarisé.
- Les tactiques cybernétiques soutenues par les États deviendront probablement de plus en plus sophistiquées, avec davantage d'attaques de phishing et de deepfakes conçues pour brouiller la frontière entre les informations crédibles et les contenus malveillants.
- Même si l'intégrité des systèmes de vote et des processus électoraux reste garantie, la quantité de fausses informations et de désinformations présentes dans la sphère publique pourrait éroder la confiance des électeurs dans les résultats et dans l'écosystème électoral au sens large.
La prolifération de l'IA dans les opérations d'information
L'intégration croissante de l'intelligence artificielle (IA) dans les opérations de désinformation fait craindre que la Chine, l'Iran et la Russie n'étendent leur champ d'action et n'exercent une plus grande influence sur la politique et les élections américaines. Toutefois, selon un rapport de Microsoft, l'IA n'a pas eu l'effet perturbateur que l'on craignait à l'origine. Cela s'explique en grande partie par le fait que les avantages de l'IA sont liés à la mise à l'échelle et à l'efficacité - permettant de créer plus de contenu avec moins de ressources - sans nécessairement améliorer la qualité du contenu. Le rapport indique que certains acteurs de la menace « se sont tournés vers des techniques qui se sont avérées efficaces dans le passé - de simples manipulations numériques, une caractérisation erronée du contenu et l'utilisation de labels ou de logos de confiance pour diffuser de fausses informations ».
Malgré l'impact immédiat limité de l'IA, le potentiel de développement futur reste important. Les technologies basées sur l'IA s'améliorant rapidement, elles pourraient permettre des formes plus sophistiquées d'opérations d'information susceptibles de manipuler la perception du public à plus grande échelle. En particulier, l'émergence de la technologie « deepfake » permet aux adversaires de créer de faux sons et de fausses vidéos convaincants, brouillant encore davantage les frontières entre la réalité et la tromperie. Cette capacité représente un défi unique pour les processus démocratiques, car elle peut saper la confiance dans les sources d'information authentiques et exacerber les récits politiques.
Conclusion
Les représentants du gouvernement américain ont exprimé leur confiance dans l'intégrité des élections de 2024 ; cependant, les acteurs de la menace tirent parti de la prolifération des technologies basées sur l'IA comme multiplicateur de force pour atteindre leurs objectifs stratégiques. L'IA améliorera également les technologies de détection, mais il est probable qu'un flux continu d'incidents à petite échelle, plutôt qu'un événement calamiteux unique, pourrait collectivement saper la confiance dans le processus électoral.
Dans le contexte actuel des menaces numériques, les particuliers et les entreprises doivent améliorer leur connaissance globale de la situation cybernétique afin de reconnaître les menaces émergentes et d'y répondre. La mise en place de partenariats solides pour le partage d'informations avec les acteurs gouvernementaux et industriels peut créer un front uni contre les campagnes de désinformation. Les parties prenantes peuvent utiliser la surveillance active des médias sociaux pour détecter les faux récits dès les premiers stades afin de mettre en œuvre des contre-mesures plus rapides. De même, des compétences numériques adéquates peuvent permettre aux individus d'examiner les informations d'un œil critique et de réduire l'impact des contenus trompeurs. Les entreprises devraient investir dans des mesures de cybersécurité solides afin d'atténuer les vulnérabilités opérationnelles.
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Auteur(e)(s)
Dr. Saba Sattar
Intelligence Analyst III
Dr. Saba Sattar is a scholar-practitioner with expertise in the Asia-Pacific region and cyber intelligence. She serves as a senior subject matter expert at Crisis24. Dr. Sattar has also joined the...
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Jonathan Vincent
Responsable des opérations de veille
Jonathan Vincent est un responsable des opérations de veille basé en Afrique du Sud, avec un intérêt particulier pour la cybersécurité. Il a rejoint Crisis24 en 2009. Il a étudié les sciences...
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