Zimbabwe Rapport national
Le Zimbabwe semblait être entré dans une nouvelle ère politique après la démission du président Robert Mugabe en novembre 2017, après 37 ans au pouvoir. Toutefois, les perspectives politiques, économiques et sécuritaires du pays ne se sont pas améliorées pour autant : l'ancien vice-président Emmerson Mnangagwa, qui a ensuite été nommé à la tête du pays, a dû relever d'importants défis pour inverser des années de mauvaise gestion financière et de corruption endémique, et n'a pas été en mesure d'empêcher l'hyperinflation et une crise économique.
Depuis son arrivée au pouvoir, Mnangagwa a renforcé son emprise sur la présidence et sur le ZANU-PF. Il a réussi à mettre à l'écart son co-conspirateur dans la destitution de Robert Mugabe Constantino Chiwenga. Ce dernier aspirait aussi à la succession de Mnangagwa, qui s'est ainsi placé incontestablement à la tête du parti. Mnangagwa a remporté de justesse les élections de 2018 et de 2023 face à son principal rival de l'opposition, Nelson Chamisa, de la Coalition des Citoyens pour le Changement (CCC). Alors que le scrutin de 2018 a été fortement contesté et a donné lieu à de fortes violences en particulier à Harare, l'élection de 2023 s'est déroulée relativement pacifiquement, malgré les soupçons de fraude de l'opposition et les critiques des observateurs internationaux. Mnangagwa a obtenu 52,6 pourcent des voix contre 44 pour Chamisa, et a remporté les deux tiers des sièges parlementaires.
Bien qu'historiquement bien développées, les infrastructures du Zimbabwe ont souffert d'années de négligence et sont aujourd'hui en grande partie délabrées. Les coupures d'électricité, qui peuvent durer jusqu'à 18 heures par jour, sont fréquentes, les infrastructures électriques et de communication souffrant d'un grave manque de financement, en partie dû à la crise économique du pays. Le réseau routier interurbain et les principales routes nationales sont plus développés que les routes rurales, mais les conditions de conduite restent dangereuses, en particulier pendant la saison des pluies.
Le crime, souvent violent, est courant au Zimbabwe et a augmenté ces dernières années, le pays étant confronté à une détérioration de la situation économique caractérisée par un effondrement généralisé du secteur économique formel. Les voleurs sont connus pour opérer dans les centres urbains, en particulier dans les zones très fréquentées des touristes. Les ressources et les capacités d'intervention de la police sont généralement limitées et les officiers ont une faible capacité à répondre aux incidents.
Des troubles civils se produisent fréquemment au Zimbabwe, en particulier à Harare, Bulawayo et dans les autres grands centres urbains, surtout au sujet de questions politiques, économiques et sociales. Les manifestations, en particulier celles organisées par l'opposition, ont souvent été dispersées de manière agressive par les forces de sécurité à l'aide de matraques, de gaz lacrymogènes et de tirs à balle réelle.
Sécurité
Ces dernières années, le Zimbabwe a été régulièrement confronté à des troubles civils, le pays faisant face à une détérioration de son économie, un taux de chômage élevé, des pénuries de produits essentiels et une opposition croissante au parti au pouvoir, le ZANU-PF. Des manifestations politiques de grande ampleur ont occasionnellement lieu à Harare et à Bulawayo. Nombre de ces manifestations, en particulier celles organisées par le CCC, ont fait l'objet d'une réponse agressive de la part des forces de sécurité et des membres de la ZANU-PF.
Les activités criminelles violentes et non violentes sont nombreuses au Zimbabwe et ont augmenté ces dernières années, les voyageurs étrangers étant parfois pris pour cible en raison de leur perçue richesse relative. Les niveaux d'activité criminelle sont généralement plus élevés dans les principaux centres urbains du pays, mais des vols de voitures ou « carjackings » autres incidents similaires se produisent fréquemment dans les zones rurales.
Infrastructure
La surveillance réglementaire de l'industrie aéronautique zimbabwéenne est considérée comme conforme aux normes internationales. Toutefois, les vols intérieurs sont régulièrement perturbés et Air Zimbabwe, le transporteur national, s'est vu interdire d'opérer dans l'Union européenne en raison de préoccupations concernant le respect des normes de sécurité internationales par la compagnie aérienne.
Les voyages par voie terrestre présentent également un certain nombre de risques liés au mauvais état des routes et à la conduite erratique de certains usagers locaux.
Depuis la libération du pays, les infrastructures zimbabwéennes sont restées pratiquement inchangées et n'ont pas été entretenues en raison de la crise économique et d'une mauvaise gestion généralisée. L'infrastructure électrique est particulièrement touchée : l'approvisionnement est très limité et irrégulier, les coupures dépassant régulièrement 18 heures par jour. Cette situation résulte à la fois d'un manque d'infrastructures, de la mauvaise qualité et du vieillissement des centrales électriques, et d'une forte dépendance à l'égard de l'énergie hydroélectrique produite par le barrage de Kariba, qui souffre de sécheresses répétées. Cette situation compromet le fonctionnement des appareils de communication, la disponibilité des transports publics, la sécurité routière et les protocoles de sécurité.
En outre, le gouvernement s'est efforcé de développer l'infrastructure des télécommunications du pays au cours des dernières années, avec peu d'amélioration de l'accessibilité et de la vitesse de l'internet et une couverture fiable du réseau mobile limitée à une poignée de grands centres urbains.
Environnement
Le climat du Zimbabwe varie d'un bout à l'autre du pays, le centre, l'est et le nord étant généralement plus humides que le sud et l'ouest semi-arides. Les températures varient en fonction de l'altitude et de la latitude. Le pays connaît une saison des pluies chaude de novembre à mars et une saison sèche plus fraîche d'avril à octobre. Le Zimbabwe est également situé dans une région sismique active et connaît des tremblements de terre occasionnels, en particulier le long de sa frontière septentrionale avec la Zambie. Cependant, les tremblements de terre sont généralement d'intensité modérée et ne causent généralement pas de dégâts importants ni de victimes. Le pays est également sujet à d'importantes inondations pendant la saison des pluies. En revanche, les sécheresses périodiques ont souvent eu un impact significatif sur la sécurité alimentaire.
Santé et médecine
Le Zimbabwe est sujet à des épidémies de plusieurs maladies, dont le paludisme, le chikungunya, la rougeole et le choléra. Bien que l'on trouve des installations médicales adéquates dans les grandes villes, le manque de personnel, les coûts élevés et l'absence de spécialistes signifient que des évacuations médicales sont souvent nécessaires pour de nombreuses procédures. L'approvisionnement en produits pharmaceutiques est irrégulier et le pays est sujet à des pénuries qui ont un effet paralysant sur les hôpitaux publics. Les sources d'eau municipales sont souvent peu fiables et sujettes à contamination ; la consommation d'eau en bouteille est fortement conseillée.
Politique
Le paysage politique du Zimbabwe a connu un changement radical en novembre 2017 lorsque Robert Mugabe a été contraint de démissionner après 37 ans de présidence, suite à ses tentatives de positionner sa femme Grace comme son successeur, déclenchant une réaction soudaine au sein du ZANU-PF et de l'armée. L'éviction de Mugabe est intervenue dans un contexte de colère populaire croissante face à des années de conditions économiques désastreuses et à un environnement politique restrictif à l'approche des élections de 2018. Le président a été remplacé par son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, qui était initialement considéré comme son successeur probable avant sa mésentente avec le président au sujet de la position de Grace Mugabe.
Malgré le changement de dirigeant, la gouvernance du Zimbabwe n'a que peu évolué. Une mauvaise gestion politique, les niveaux élevés de corruption, l'inflation galopante et la répression sévère de la dissidence politique, comme sous Mugabe, continuent d'être pratiqués par Mnangagwa. Bien que l'opposition, menée par Nelson Chamisa et le CCC, ait été perçue comme se développant surtout dans les zones urbaines et parmis la population expatriée du Zimbabwe, elle ne s'est pas montrée capable de défier le ZANU-PF dans les urnes. Le président a été réélu à deux reprises malgré de fortes allégations de fraude électorale. En 2018, l'élection présidentielle, que Mnangagwa a remportée d'une courte marge, a été entachée par des allégations d'irrégularités électorales. Nelson Chamisa prétend avoir remporté le scrutin. Des affrontements ont éclaté entre les partisans de l'opposition et les forces de sécurité, faisant au moins six victimes. En 2023, Chamisa a défié Mnangagwa pour la deuxième fois, mais a perdu avec une marge encore plus large sur fond de nouveaux soupçons de censure de l'opposition, bien que le Zimbabwe n'ait pas connu de violences meurtrières.
Après l'indépendance du Zimbabwe en 1979, le parti au pouvoir a mis en œuvre un vaste programme de réforme agraire visant à redistribuer les fermes appartenant à des blancs aux populations noires précédemment privées de leurs droits. Une nouvelle constitution adoptée en 2000 a donné au gouvernement la possibilité d'exproprier des terres sans compensation financière, donnant lieu à des cas de saisies violentes de terres souvent mortelles. À la suite de nouvelles allégations de graves violations des Droits de l'Homme et d'élections truquées en 2002, les États-Unis et l'Union Européenne ont imposé des sanctions ciblées à l'encontre de ressortissants zimbabwéens et d'entreprises liées au parti au pouvoir. Ces sanctions empêchent les entreprises américaines et européennes d'opérer et de commercer avec les personnes sanctionnées.
Le pays traverse une crise économique continue depuis son indépendance en raison d'une mauvaise politique financière, qui a contraint le gouvernement à abandonner le dollar zimbabwéen en 2009. Le gouvernement s'est ensuite appuyé sur un mélange de devises étrangères, dont le dollar américain, le rand sud-africain et la livre sterling, ainsi que sur des billets d'obligation imprimés au niveau national, officiellement rattachés au dollar américain. En 2019, le gouvernement a réintroduit une monnaie nationale par le biais du nouveau "dollar RTGS" en 2019, avec un taux de change fixé par le marché. Cela n'a pas permis de résoudre le problème de l'hyperinflation, dont les estimations en glissement annuel dépassent 240 % en 2022 selon la Banque de Réserve du Zimbabwe (RBZ). En outre, le dollar américain et le rand sud-africain sont restés les monnaies privilégiées par les Zimbabwéens, en particulier sur le marché noir.
Afin de limiter la quantité de devises étrangères, la RBZ a commencé à frapper des pièces d'or en juillet 2022, pour une valeur présumée de 20 milliards USD, afin de fournir une alternative nationale au dollar RTGS. Puis, en mai 2023, la RBZ a commencé à vendre des jetons d'or numériques, afin d'encourager davantage l'investissement numérique national. Cependant, ces deux tactiques constituent des politiques fiscales expansionnistes déguisées et une nouvelle impression monétaire qui n'ont pas réduit le risque élevé d'une nouvelle crise d'hyperinflation. En mars 2023, la RBZ a introduit une nouvelle méthode de calcul de l'inflation, mélangeant les taux d'inflation du dollar américain et du dollar zimbabwéen en une seule statistique afin de masquer la baisse de valeur de ses monnaies nationales. En général, le dollar américain reste le moyen de paiement le plus stable dans le pays.