Les menaces d'extrémisme violent s'intensifient en Occident
L'assaut du 6 janvier sur le Capitole à Washington, qui a fait cinq morts et plus de 100 blessés, a rappelé la menace que posent les groupes extrémistes en Amérique du Nord mais aussi ailleurs en Occident.
La menace de l'extrémisme violent devrait s'accroître en 2021
Le terrorisme et d'autres formes de violence pourraient s'intensifier en Occident durant l'année 2021. Plusieurs attaques terroristes choquantes ont secoué l'Allemagne, la France et l'Autriche en 2020, et les prochaines menaces viendront probablement d'individus radicalisés, inspirés par des motivations politiques, plutôt que de groupes organisés d'envergure. Les agresseurs individuels posent moins de risque à grande échelle mais créent des défis plus grands pour les forces de sécurité qui les combattent. Le profil-type du terroriste a évolué. Au fil des dernières décennies, la communauté internationale s'est habituée à des formes élaborées de violence contre les civils de la part d'organisations structurées, de réseaux secrets ou de cellules terroristes. Désormais, les violences extrémistes pourraient provenir plus souvent d'individus, avec ou sans lien avec des groupes extrémistes, qui choisissent une cible au hasard quelques instants avant leur attaque. Avec la multiplicité croissante des tactiques terroristes, et avec l'aide des plates-formes médiatiques en ligne, la radicalisation a pris de nombreux visages : elle touche aussi bien des groupes que des personnes seules, aux deux extrémités du spectre politique, violents ou non violents, motivés par un large éventail de causes politiques, religieuses, sociales, économiques ou ethniques.
L'assaut du Capitole, ainsi que plusieurs actes de violence commis par les groupes réunis sous l'étiquette approximative d'anti-fascistes ou « Antifa », peuvent être vus comme la manifestation d'une polarisation profonde de la société dans les dernières années. Cependant, la multiplication des points de vue perçus comme extrémistes au sein des partis politiques et autres mouvements ne génère pas forcément une hausse de la violence. Nous devons donc examiner les groupes et individus qui sont prêts à employer la violence pour exprimer leurs opinions politiques, plutôt que les partis politiques extrémistes et autres acteurs qui ne recourent habituellement pas à la violence pour atteindre leurs buts. Les actes de violence constituent une menace plus immédiate et physique pour le public et attirent donc davantage l'attention, même si le spectre des activités extrémistes inclut des actes non violents. Les attaques à la poudre blanche, par exemple, causent d'importantes perturbations localisées mais ne créent pas forcément de dommages ; le vandalisme à saveur anarchiste contre des commerçants peut aussi être considéré comme une activité extrémiste non violente. Si les fusillades ou attaques au couteau meurtrières sont les manifestations d'extrémisme les plus sévères, d'autres activités ont un impact moindre mais peuvent être considérées comme violentes et extrémistes.
Les médias sociaux peuvent encourager l'extrémisme
Les technologies modernes permettent aux extrémistes de toutes idéologies de rester facilement connectés dans les médias sociaux, souvent par l'entremise de communications encodées. Les participants de ces communautés n'ont souvent pas besoin de structure hiérarchique et sont donc susceptibles d'agir de leur propre initiative, ce qui les rend plus difficiles à détecter pour les forces de sécurité. Ils ont souvent une compréhension avancée de la fabrication d'engins explosifs artisanaux (EEA) et peuvent partager leurs connaissances pour planifier et exécuter efficacement des attaques. La maîtrise des EEA a été observée le 6 janvier lorsque de tels engins ont été trouvés aux sièges sociaux des partis démocrate et républicain à Washington. La disposition à agir seul a été observée lors de l'attaque du 2 novembre 2020 à Vienne, quand un seul attaquant a tué quatre personnes et en a blessé 23 autres en plein centre-ville. Les autorités ne croient pas que le tireur de Vienne ait agi sous les directives d'un quelconque groupe organisé.
Fait important, ce ne sont pas seulement les attaques qui peuvent perturber les entreprises et provoquer des appréhensions, mais aussi les simples menaces d'attaques. Les alertes à la bombe et autres canulars à la poudre blanche n'ont pas de conséquences aussi sérieuses que de véritables attaques, et leurs auteurs sont donc moins portés à s'en dissuader. Puisque les forces de sécurité doivent traiter toutes les menaces comme authentiques jusqu'à preuve du contraire, des perturbations sont très probables même en l'absence d'une menace sérieuse. De plus, de telles menaces peuvent épuiser les ressources en sécurité d'une organisation et la rendre plus vulnérable. La radicalisation en ligne offre une structure où les groupes extrémistes peuvent réunir de nombreux acteurs individuels ; il n'existe aucune gouvernance centrale qui puisse être éliminée. Cela rend les groupes et activités terroristes plus difficiles à combattre.
Les conséquences économiques de la COVID-19 vont diviser davantage la société
La polarisation politique, les effets économiques de la pandémie de COVID-19 et les confinements consécutifs contribuent à diviser davantage la société, avec pour effet possible un regain de violence extrémiste, incluant des attaques terroristes. C'est particulièrement le cas parmi les groupes et individus qui ressentent une marginalisation réelle ou perçue, mais aussi parmi des individus présentant des profils politiques, religieux ou culturels de plus en plus variés. La polarisation politique qui a culminé avec l'assaut du Capitole pourrait engendrer de nouvelles contestations électorales et des tentatives de renverser des gouvernements démocratiquement élus. Le fort ralentissement économique causé par la pandémie de COVID-19 pourrait mobiliser des gens contre les confinements imposés par les gouvernements, à mesure que leur gronde s'amplifie. Cela va probablement être exacerbé par la prolifération de la désinformation, la méfiance croissante envers les médias et les institutions gouvernementales, et ce que certains groupes perçoivent comme un système truqué en faveur des grandes multinationales.