La pandémie de COVID-19 a irrémédiablement transformé la vie des gens, mais plus de deux ans après les premières apparitions de la maladie, nous gérons mieux les infections aiguës et le retour à la normale semble à portée de main. Bien que plusieurs pays soient encore aux prises avec des vagues d'infections, le développement de vaccins efficaces et les améliorations apportées au traitement des patients nous permettent désormais de « vivre avec le Covid ». La phase la plus sévère de la pandémie de COVID-19 est donc derrière nous; mais les effets néfastes de la phase suivante sont encore mal compris.
Le Covid long est-il fréquent ?
Si la plupart des patients se remettent d'une infection aiguë à la COVID-19 après environ deux semaines, certains présentent des problèmes de santé persistants pendant des semaines ou des mois après leur infection initiale au SARS-CoV-2. En fait, des études estiment à environ 30 % la proportion des malades à la COVID-19 qui souffrent par la suite d'un Covid long. L'OMS définit celui-ci (nommé aussi « post-Covid » ou « séquelles post-aiguës de l'infection par le SARS-CoV-2 ») comme une maladie qui se produit chez les personnes ayant un historique d'infection probable ou confirmée au SARS-CoV-2, habituellement durant les trois mois suivant l'apparition de la COVID-19, avec des symptômes et effets qui persistent au moins deux mois et ne peuvent s'expliquer par un autre diagnostic. Même si leurs tests de COVID-19 ne sont plus positifs, ces personnes subissent encore les effets néfastes de leur infection initiale, ce qui peut sérieusement affecter leur capacité à fonctionner normalement.
Les autorités de santé publique n'ont pas identifié la cause exacte du développement du Covid long, et les symptômes qui lui sont associés peuvent affecter de multiples organes. La théorie la plus courante évoque la formation de micro-caillots qui entrainent des réactions inflammatoires. Celles-ci causent alors des lésions dans les tissus ou des inflammations prolongées, et le système immunitaire peine à les stopper. Une autre théorie pouvant expliquer la grande variété des symptômes du Covid long est que la COVID-19 est une maladie vasculaire et que les complications sont dues à une démolition du système vasculaire suite à une infection aiguë.
Les personnes atteintes par le Covid long présentent une vaste quantité de symptômes, incluant le brouillard du cerveau, la difficulté à se concentrer, l'anxiété, la dépression, l'insomnie, la fatigue, la difficulté à respirer, des anormalités sensorielles, des problèmes gastrointestinaux, des douleurs chroniques, et un pouls rapide ou faible. Les symptômes sont communs, peu importe si l'infection initiale était légère ou sévère. Le Covid long est plus courant parmi les patients qui ont souffert d'une COVID-19 grave (la moitié des patients hospitalisés pour la COVID-19 développent le Covid long). Cependant, de nombreux cas de Covid long ont été relevés parmi des patients qui avaient eu une infection asymptomatique à la COVID-19 (environ 20 % des patients asymptomatiques développent le Covid long). Jusqu'à 75 % des gens qui ont eu la COVID-19 n'ont pas été hospitalisés. Une étude de cohorte de près de 2 millions de patients a par ailleurs démontré que le développement du Covid long présente une certaine corrélation avec des maladies chroniques préalables; deux tiers des participants présentaient des comorbidités comme le diabète, des problèmes cardiaques, ou une maladie auto-immune. L'étude a également révélé que la vaccination contre la COVID-19 semble conférer une certaine protection contre le Covid long.
Le Covid long augmente les risques de problèmes au cœur, de diabète, et d'accidents vasculaires cérébraux. Mais la nouveauté et la variabilité du Covid long le rendent difficile à diagnostiquer, à surveiller et à traiter. De plus, peu de données sont encore disponibles quant à son impact et à sa durée; celle-ci s'étend jusqu'à deux ans chez certains individus, et on ne peut que spéculer sur le prolongement de leurs symptômes. Si le Covid long affecte grandement la santé et la qualité de vie des patients, son effet sur des systèmes de santé déjà surchargés risque d'être catastrophique.
Des conséquences pour la stabilité socio-économique
Les effets du Covid long pourraient avoir une plus grande portée que les infections aiguës à la COVID-19, car ils persistent plus longtemps et sont plus invalidants qu'une infection légère ou asymptomatique. Il est désormais difficile de déterminer la fin de la pandémie, puisque la guérison après une infection aiguë ne signifie pas que l'on est totalement remis. L'important volume de patients susceptibles de développer un Covid long devrait beaucoup peser sur les systèmes de santé. Les effets à long terme de la COVID-19 sur les infrastructures de santé n'ont pas encore été complètement élucidés, mais les maladies et problèmes chroniques qui nécessitent un suivi à long terme risquent d'y ajouter un fardeau.
En ce qui a trait à la continuité des affaires, le Covid long pourrait entraîner des pénuries de main-d'œuvre importantes, d'autant plus que la COVID-19 est plus répandue parmi les personnes de 19 à 59 ans, qui représentent la majeure partie des travailleurs, et il est naturel d'en conclure que ce groupe d'âge sera également le plus affecté par le Covid long. Les malades auront besoin de prendre congé ou ne pourront peut-être plus effectuer certaines des tâches qui leur étaient confiées avant leur infection. Cela est préoccupant si l'on considère la prévalence des patients qui se plaignent de brouillard de cerveau ou de difficultés à se concentrer, d'autant plus que ces symptômes sont difficiles à diagnostiquer, traiter et suivre, en raison d'une absence de protocoles définis. De plus, les pénuries de main-d'œuvre vont survenir non seulement dans le groupe d'âge le plus affecté par le Covid long, mais aussi parmi les proches et amis qui viennent en aide ou prodiguent des soins aux personnes atteintes du Covid long, puisqu'ils devront ajuster leurs horaires de travail en conséquence.
Si les fournisseurs de soins de santé se sont montrés coopératifs au début de la pandémie, en offrant des traitements et vaccins gratuits par exemple, la prévalence de patients nécessitant des soins à long terme complique leur prise en charge et la prestation des différents soins liés au Covid long. L'accès aux soins de santé primaires a été difficile durant la pandémie, et les infrastructures de santé risquent de prendre plusieurs années à se remettre des effets de la phase aiguë de la pandémie. De plus, les politiques de santé publique n'ont pas suivi l'évolution du profil des patients, et beaucoup ont du mal à obtenir une prise en charge par leur gouvernement ou leur assureur. Si l'on ajoute à cela le nombre croissants de patients auparavant en santé qui souffrent désormais de maladies chroniques et requièrent un suivi à long terme, on fait face à un déséquilibre désastreux entre l'offre et la demande de soins de santé. En outre, certains patients qui croient être arrivés au bout de leurs peines présentent des symptômes de maladies chroniques plusieurs mois après s'être remis de l'infection aiguë. Cela est un enjeu important, surtout pour les patients qui n'ont pas accès à des soins de santé de qualité. Les gouvernements ne pourront probablement pas prendre en charge tous les coûts de l'épidémie de Covid long, ce qui va forcer beaucoup de patients à payer directement pour leur réhabilitation ou pour des soins spécialisés.
Comment vous prémunir contre le Covid long
La meilleure façon de vous prémunir contre le Covid long est d'éviter l'infection aiguë à la COVID-19. Puiqu'il est possible de développer le Covid long même après une infection légère ou asymptomatique, il est recommandé de maintenir des précautions sanitaires de base comme la distanciation sociale, le port du couvre-visage, et le lavage régulier des mains. Même si les gouvernements relâchent les restrictions liées à la COVID-19, chacun devrait considérer son propre profil de risque et les effets à long terme, et prendre les mesures nécessaires pour se protéger contre toute infection à la COVID-19. En cas d'infection, il est primordial de rechercher les soins médicaux appropriés, quitte à insister puisque beaucoup de médecins ont encore du mal à reconnaître la gravité du Covid long.
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