Rédigé par Jessika Turner
Il est essentiel d'insuffler le bon état d'esprit dans vos équipes et de leur donner les outils cognitifs nécessaires à leur sûreté. Pourtant, ce type de formation est souvent négligé dans les programmes de gestion du risque. L'entrainement à la conscience situationnelle est une pratique simple mais très utile pour accroître la sécurité du personnel d'une organisation. Il est important d'y recourir régulièrement car la conscience situationnelle est une compétence qui se développe avec le temps.
La conscience situationnelle est à la fois un concept et une pratique qui touchent à la connaissance des facteurs spécifiques de l'environnement d'un individu et de leur influence sur sa sécurité. Dans sa forme la plus simple, la conscience situationnelle consiste à savoir ce qui se passe autour de l'individu, par exemple les personnes, les véhicules, l'heure de la journée, et les menaces potentielles associées à ces éléments. Une formation plus poussée à la conscience situationnelle permettra à l'apprenant d'anticiper les menaces et d'agir en conséquence.
Il ne suffit pas d'appuyer sur un « bouton mental » pour rendre quelqu'un ultra-perceptif et prédictif. De même qu'un marathon demande de l'entraînement et qu'un examen scolaire requiert des révisions, une bonne conscience situationnelle est impossible sans maîtriser au préalable un niveau de connaissances et de compétences physiques de base.
Une conscience situationnelle active nécessite plus d'énergie mentale que de rester indifférent. L'analyse des images, sons, odeurs et sensations qui seraient ignorées en temps normal accélère la fatigue de l'esprit. Tout comme un marathon en altitude, les déplacements dans des lieux nouveaux demandent plus d'efforts à l'esprit.
Les 3 étapes de la conscience situationnelle
La pratique de la conscience situationnelle se divise habituellement en trois étapes générales, qui sont l'identification, l'introspection, et l'anticipation.
Étape 1 : L'identification
L'étape de l'identification est la conscience situationnelle dans sa forme la plus élémentaire. Durant cette étape, l'individu recueille continuellement de l'information sur les entrées et sorties, les personnes alentour, les enjeux liés à l'environnement, et le temps qui passe.
À cette étape-ci, une personne en conscience situationnelle fait un saut cognitif entre une posture d'observateur qui réagit à son environnement et une attitude de recherche active d'information sur l'environnement. Ce saut ne doit pas être confondu avec la paranoïa ou le stress qui peuvent se manifester quand on s'aventure dans un environnement nouveau.
Exercice 1
Prenez quelques instants chaque jour pour fermer vos yeux et décrire mentalement votre environnement immédiat en usant de tous vos sens. Puis, inspectez les lieux. Avez-vous manqué quoi que ce soit ?
TRUC : Utilisez cette liste de vérification pour apprendre à séparer les espaces intime, personnel, social et public dans le cadre de cet exercice.
Étape 2 : L'introspection
L'étape de la réflexion requiert l'auto-évaluation par l'individu de ses capacités mentales et physiques et de les situer dans le contexte de leur environnement. Les obstacles physiques comme la faim, la soif, la fatigue ou l'ébriété affectent les capacités d'une personne à se défendre contre un attaquant potentiel ou à intervenir dans une crise. De plus, le stress et la surcharge cognitive peuvent limiter ses capacités à recueillir efficacement les informations sur son environnement, à les traiter, et à agir en conséquence. Bien connaître son seuil de stress permet de développer des techniques d'ajustement et de maintenir sa conscience situationnelle et sa sécurité.
L'auto-évaluation juste et objective des capacités d'un individu en cas d'incident est tout aussi importante. Les personnes nouvellement exposées aux concepts de conscience situationnelle et de sûreté personnelle ont parfois tendance à être trop sûres d'elles ou bien inattentives, ce qui est extrêmement risqué. Les gens qui ne font pas attention à leur environnement sont une source de préoccupation, car leur attitude augmente les chances de s'exposer au danger, et beaucoup ne croient pas qu'un incident pourrait arriver. L'excès de confiance en soi est tout aussi problématique : par exemple, les grands voyageurs relâchent leur vigilance avec l'expérience et font moins attention. Ils deviennent insouciants et pensent que rien ne pourrait leur arriver. Ceux qui pratiquent la conscience situationnelle doivent régulièrement prendre du recul et se demander s'ils pourraient se défendre tous seuls ou s'ils savent où trouver de l'aide lors de leurs déplacements à l'étranger.
L'étape de l'introspection révèle aussi la compréhension qu'a une personne de sa manière d'interagir avec l'environnement. Par exemple, les professionnels de la sécurité recommandent souvent aux voyageurs de se présenter comme des « cibles difficiles », c'est-à-dire de paraître moins vulnérables aux yeux d'un possible attaquant. Une façon simple d'y parvenir est de marcher avec confiance, avec la tête haute et une posture bien droite. Un langage corporel qui exprime l'attention est plus intimidante pour des agresseurs potentiels qu'une personne qui a l'air perdu ou inattentif, plongée dans l'écran de son téléphone ou en train de fouiller dans son sac.
Exercice 2
Une fois que vous avez pris l'habitude d'analyser votre environnement en continu, prenez quelques instants chaque jour pour vérifier vos capacités cognitives et physiques. Posez-vous la question : « Si quelque chose m'arrivait maintenant, comment est-ce que je réagirais ? »
Étape 3: L'anticipation
L'anticipation consiste à prendre en compte son environnement et ses propres capacités de réaction à différentes situations, et d'en déduire avec exactitude les menaces possibles et leurs conséquences rationnellement plausibles. Les voyageurs dotés de conscience situationnelle ne font pas qu'identifier des individus dans leur espace personnel ou remarquer le coucher du soleil ; ils analysent ce que ces éléments impliquent et anticipent automatiquement les menaces associées.
En s'appuyant sur l'état d'esprit et les informations obtenus aux deux premières étapes, l'anticipation nous donne une conscience des événements possibles et nous prépare à réagir aux plus probables.
Exemple
Une personne conduit une automobile de location dans un quartier inconnu après une longue journée de déplacements ou de travail, quand survient une chute de grésil. Si elle a de l'expérience et une bonne conscience situationnelle, elle prend en compte les autres véhicules, l'état de la route, l'heure de la journée et tous les dangers potentiels, en les rapportant à ses propres capacités cognitives. La personne réalise qu'elle ne se souvient pas de l'itinéraire de retour vers son hôtel à partir du centre de congrès et doit donc se fier à son GPS. Cependant, elle a pensé avant d'embarquer dans son véhicule à vérifier son GPS et à emporter une liste d'adresses importantes incluant son hôtel. Plus tard, alors qu'elle s'approche d'une intersection très achalandée et glacée, elle se sert de sa conscience des éléments alentour pour déterminer que les véhicules qui arrivent en pente du côté Ouest risquent davantage de glisser une fois dans l'intersection. La personne se prépare alors à cette éventualité et aux menaces associées en prenant ses décisions pas à pas.
Offrir aux employés des renseignements utiles et ponctuels n'est qu'une partie d'un plan de sécurité. Les meilleures pratiques de sécurité incluent également des programmes de formation stimulants pour leur donner la capacité de mettre leurs connaissances en pratique.
Exercice 3
Qu'il s'agisse de situations familières ou non, posez-vous toujours la question : « Quel est la menace à ma sécurité la plus plausible ? Et si elle devait survenir, quelles en seraient les conséquences ? »