Au cours de 2022, la majeure partie du pays a enregistré des précipitations supérieures à la normale et a subi des inondations à grande échelle, notamment à l’intérieur de la Nouvelle-Galles du Sud, au sud du Queensland et au nord de Victoria. La saturation des sols va probablement entraîner une forte croissance de la végétation. Cet apport de combustible, combiné à la chaleur et à la sécheresse des prochains mois, va probablement accroître les risques d’incendie dans le centre, l’ouest et le sud de l’Australie-Occidentale, le sud du Territoire du Nord, le sud du Queensland, et l’intérieur de la Nouvelle-Galles du Sud.
Les feux de brousse font partie intégrante de l’environnement australien. De nombreuses plantes indigènes sont vulnérables au feu, et certaines en ont besoin pour se régénérer. Les feux de brousse se forment sous l’effet d’une combinaison de combustible sec, comme la litière de feuilles ou d’autres débris organiques, et d’une source d’ignition (habituellement la foudre ou l’activité humaine). L’intensité des feux et la rapidité à laquelle ils se répandent dépendent de la vitesse des vents, de la température ambiante, de l’angle de pente, de la quantité de combustible présent, et du taux d’humidité du combustible.
Prévisions pour l’été 2023
La figure 1 indique les zones où l’on anticipe des risques plus ou moins élevés de feux de brousse.
- Des risques de feux accrus sont prévus dans le centre, l’ouest et le sud de l’Australie-Occidentale, le sud du Territoire du Nord, le sud du Queensland, et l’intérieur de la Nouvelle-Galles du Sud en raison des grandes quantités de combustible résultant des fortes précipitations, ainsi qu’à l’ouest de la Tasmanie en conséquence d’un printemps sec.
- Des risques de feux inférieurs à la normale sont prévus dans l’est de la Nouvelle-Galles du Sud, au centre et à l’ouest de Victoria, et dans le Territoire de la capitale australienne, sous l’effet d’une forte humidité, des précipitations, et de la réduction du combustible suite aux feux de la saison 2019-20.
La saison des feux de brousse s’étend habituellement de décembre à mai au sud de l’Australie, de mai à octobre au nord du pays, et d’août à mars dans le centre. Le sud-est de l’Australie, qui inclut le sud-est de l’Australie-Méridionale, le Victoria et le sud de la Nouvelle-Galles du Sud, est l’une des régions les plus vulnérables aux incendies sur la planète. La figure 2 ci-dessous indique l’intensité et la distribution des feux entre 2016 et 2020.
La poursuite des précipitations en Nouvelle-Galles du Sud et au Victoria s’est traduite par des inondations dans plusieurs zones des deux États au cours de 2022. En Nouvelle-Galles du Sud, la forte humidité des sols résultant des pluies persistantes va continuer de favoriser la croissance de la végétation, ajoutant ainsi du combustible supplémentaire. Les conditions pluvieuses vont probablement conduire à une réduction des incendies dans les zones affectées au début de l’été. Mais à mesure que progresse l’été, le combustible va s’assécher et devenir plus vulnérable aux incendies. Cela va entraîner des risques accrus de feux plus tard dans la saison, surtout à l’ouest de l’État. Bien que les précipitations récentes aient contribué à la régénérescence des zones incendiées lors de la saison de feux intense de 2019-2020, la quantité de combustible demeure basse, et l’humidité ambiante devrait réduire les risques.
Dans le Victoria, les modèles de prévision pointent vers des précipitations accrues au cours de l’été, surtout au centre à l’est de l’État ; les incendies seront sans doute limités aux forêts humides. Les forêts plus sèches, les régions boisées et les landes devraient alimenter les feux avec l’arrivée du temps sec et chaud. La croissance significative du combustible dans les enclos et au bord des routes va probablement se poursuivre mais son assèchement se fait plus lentement qu’à la normale, ce qui réduira les risques de feux au début de l’été, tandis qu’ils s’accroisseront au fil de l’été à mesure que s’assèche la végétation. Le nord et l’est de l’État seront exposés à des risques de feux accrus à compter du milieu de l’été.
La grande quantité de combustible végétal au Queensland est compensée par l’humidité élevée des sols en raison des précipitations persistantes. Si le temps devient plus sec, des risques de feux accrus sont à prévoir dans les régions de Maranoa et Channel.
Des températures plus élevées et des précipitations plus faibles qu’à la normale sont prévues sur l’Australie-Occidentale au cours de l’été. Les quantités accrues de combustible, combinées à un temps chaud et sec, entraînent des risques élevés d’incendie au centre de l’ouest de l’État, incluant dans les régions de Pilbara, Carnarvon, Gascoyne, et Murchison ; le sud de l’Australie-Occidentale, incluant la forêt de Jarrah, sera aussi exposé à un risque accru d’incendie en raison des faibles précipitations et du manque d’humidité des sols.
Des risques de feux accrus sont prévus dans les régions d’Alice Springs et de Tanami dans le Territoire du Nord, incluant une partie des monts Macdonnell et des régions de Burt Plain et Finke où se trouvent des quantités suffisantes de combustible.
La sécheresse des derniers mois a fait baisser l’humidité des sols dans l’ouest de la Tasmanie, tandis qu’elle s’est accrue à l’est sous l’effet de précipitations élevées, provoquant une croissance du combustible végétal. Les conditions de La Niña devraient persister, causant des précipitations plus fortes qu’à la normale au nord et à l’est de la Tasmanie. Celles-ci vont probablement retarder l’assèchement du combustible végétal, faisant ainsi réduire les risques de feux sur la côte est de l’État. Des précipitations plus faibles et des températures plus élevées qu’à la normale sont prévues dans l’ouest de la Tasmanie au début de 2023, et des risques de feux accrus sont à prévoir puisque le combustible est rendu plus inflammable. La foudre devrait également provoquer des incendies dans la région.
Les impacts des feux de brousse
Les feux de brousse peuvent causer des pertes de vies humaines, des dommages à la propriété, des pertes économiques, et des dommages dans les infrastructures. Des coupures de courant sont possibles par endroits en raison de dommages à des sous-stations ou à des lignes de transmission, ou d'interruptions volontaires pour prévenir les dommages ou la propagation des flammes.
Les sols qui portent des traces d'incendies peuvent subir une érosion importante en cas de pluie, car leur consistance s'est relâchée et ils reçoivent davantage d'écoulement qui n'est plus bloqué par les arbres et la végétation.
Des perturbations sont à prévoir dans les chaînes d'approvisionnement, surtout si les feux de brousse traversent des routes et autoroutes ou s'approchent de grands centres urbains. Les feux de brousse peuvent également conduire à des évacuations, des fermetures de routes, et des déviations d'itinéraires. Des artères routières pourraient être perturbées, et le manque d'itinéraires alternatifs dans certaines zones pourrait aggraver les perturbations dans les transports. Bien que les autorités aient de l'expérience dans l'atténuation des impacts potentiels, les routes des régions éloignées seront probablement perturbées pour de plus longues périodes que dans les zones urbaines en raison de leur inaccessibilité relative. Les autorités pourraient fermer des routes dans les zones en proie à des feux de brousse, et faire évacuer les communautés par précaution ou pour faciliter les opérations d'intervention. Les flux du trafic pourraient aussi être perturbés après que les autorités aient levé les ordres d'évacuation, pendant la période des retours.
La faible visibilité due à la fumée et les retombées de cendres potentielles pourraient aggraver la congestion et les retards sur les routes et mener à des suspensions de vols à court préavis si les feux se produisent à proximité des aéroports. Les transports ferroviaires sont également exposés à des interruptions de service occasionnelles et à des retards prolongés.
Les entrepôts, usines, et autres installations liées aux chaînes d'approvisionnement sont souvent concentrées dans les banlieues où elles sont davantage exposées aux risques de feux de brousse en comparaison des centres-villes. Les feux de brousse peuvent aussi causer des pertes par la destruction des cultures et du bétail. Les entreprises sont susceptibles d'être négativement affectées par les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement, surtout si leurs activités impliquent le transport de biens périssables.
Les effets sur la santé
Les effets de l’inhalation de la fumée des feux de brousse sur les individus entraînent habituellement un achalandage élevé dans les services d’urgences. Ils peuvent inclure des crises d’asthme, des cas de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), des irritations des yeux et de la peau, de même que des problèmes cardiaques sous l’effet de la pression sur l’appareil circulatoire.
Les épisodes d’inhalation importante de fumée peuvent aussi avoir des effets à long terme. Les feux diffusent de nombreux polluants dont le dioxyde et le monoxyde de carbone, ainsi que des produits chimiques comme le benzène qui sont nuisibles pour l’environnement. Mais les experts en qualité de l’air sont particulièrement préoccupés par les particules fines, couramment appelées PM2.5. Ces particules de moins de 2,5 microns de diamètre (soit moins qu’un cheveu humain) peuvent s’infiltrer profondément dans les voies respiratoires, jusque dans les poumons et le système sanguin.
Selon une étude de 2020 du New England Journal of Medicine, la surexposition aux particules fines est associée à un risque élevé de problèmes médicaux jusque dans les quatre jours qui suivent. Une étude de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a mesuré l’accroissement de la mortalité de toutes causes, de la mortalité imputable aux cardiopathies ischémiques, et de la mortalité due au cancer du poumon : « l’exposition à des concentrations élevées de PM2.5 est associée à de nombreux effets néfastes sur la santé, dont les accidents cardiovasculaires à long et à court terme, les maladies respiratoires, les décès suite à des cancers autres que pulmonaires, et à des maladies du système nerveux incluant la démence. D’autres problèmes comme les issues de grossesse indésirables ou les défauts à la naissance sont associés à la pollution atmosphérique, bien que les preuves du lien de causalité soient plus faibles. »
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*Disponible en anglais seulement
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Auteur(e)(s)
Elizabeth Yin
Intelligence Analyst I
Elizabeth Yin joined the Crisis24 Weather and Environment Team as an Intelligence Analyst in 2021 and holds a Bachelor’s degree in Marine Geoscience, Geology, and Geophysics from the University of...
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