Préparé par Charles Hogger et Elizabeth Yin.
Vue d’ensemble
Les saisons des ouragans de l’Atlantique et du centre du Pacifique s’étendent du 1er juin au 30 novembre, et celle de l’Est du Pacifique du 15 mai au 30 novembre. Cependant, des tempêtes se forment parfois hors de la période saisonnière officielle. La saison des ouragans de l’Atlantique atteint un pic relativement établi entre août et octobre, tandis que celles de l’Est et du centre du Pacifique ont un pic moins défini entre juillet et septembre. Les tempêtes varient grandement en termes d’intensité et de trajectoire, et ont un impact potentiel sur une vaste portion de l’Amérique centrale et du Nord. Celles de l’Est du Pacifique peuvent frapper aussi bien la côte Ouest de l’Amérique centrale que celles du Mexique et du Sud-Ouest des États-Unis.
Les tempêtes de l’Atlantique affectent le Nord-Ouest de l’Amérique du Sud, les Caraïbes, l’Est du Mexique, le Sud-Est des États-Unis, et la côte Est jusqu’aux provinces atlantiques du Canada. Les îles éloignées du Pacifique et de l’Atlantique, telles que Hawaï et les Açores, peuvent aussi être touchées; cependant les passages directs sont rares. Les tempêtes s’affaiblissent habituellement à leur arrivée sur les côtes, ce qui en fait les zones les plus à risque. Certains systèmes peuvent néanmoins poursuivre leur trajectoire avec des intensités variables et entraîner des conditions difficiles dans des régions éloignées de la côte.
Les ouragans et autres tempêtes peuvent grandement affecter les régions qu’ils traversent, constituant une menace pour la vie et causant chaque année des centaines de milliards de dollars en dommages. Le principal risque lié aux tempêtes tropicales concerne les inondations, causées par des ondes de tempête (hausses anormales du niveau des eaux côtières et fluviales sous l’effet des vents) et par des précipitations importantes. Les vents forts peuvent aussi causer des dommages matériels, faire voler des débris sur leur passage, et perturber suffisamment la mer pour poser des risques aux marins et résidents du littoral. Des tornades peuvent en outre se former quand les tempêtes touchent les côtes.
Les ouragans sont généralement mesurés au moyen de l’échelle de Saffir-Simpson (voir image 2), qui classe les ouragans sur une échelle de 1 à 5 selon la vitesse des vents. Les ouragans majeurs sont classés dans la catégorie 3 ou supérieure. Bien que l’échelle serve à estimer le niveau attendu de dommages causés par les vents, elle ne prend pas en compte d’autres dommages de nature environnementale comme les ondes de tempête et les tornades. L’intensité d’une tempête n’est pas le seul facteur pour déterminer son impact potentiel, car d’autres facteurs ont de l’importance.
Par exemple, une tempête plus lente, peu importe son intensité, peut entraîner des pluies persistantes sur une région donnée et avoir plus d’impact qu’une tempête plus intense qui passerait plus rapidement. De plus, la vulnérabilité et le niveau de préparation des zones frappées par une tempête influencent le niveau des dommages et perturbations. Par exemple, en raison de ressources limitées et d’un accès difficile aux populations dans le besoin, certaines îles isolées des Caraïbes peuvent subir un impact plus important au passage de tempêtes relativement mineures que les régions côtières des États-Unis. Si une île ne compte qu’un seul aéroport ou port et que ceux-ci sont endommagés par la tempête, cela limite leur capacité à obtenir de l’aide.
Image 1 - L’échelle des vents de Saffir-Simpson
Prévisions pour 2022
Les prévisionnistes prennent en compte une combinaison d’indicateurs climatiques, incluant les températures de surface de la mer et le phénomène tropical El Niño-Oscillation australe (ENOA), et les comparent à une évaluation probabiliste du niveau probable d’activité cyclonique tropicale pour la saison à venir. Des températures plus élevées à la surface de la mer favorisent la formation de tempêtes. Les tendances météorologiques découlant de La Niña tendent à renforcer l’activité cyclonique sur l’Atlantique et à l’inhiber sur le Pacifique.
Inversement, un phénomène El Niño tend à inhiber l’activité cyclonique sur l’Atlantique et à la renforcer sur le Pacifique. Les prévisionnistes ne sont pas en mesure d’évaluer précisément à l’avance les endroits qui seront touchés par les tempêtes durant la saison, puisque celles-ci suivent des trajectoires déterminées par les conditions météorologiques présentes lors de leur formation et de leur passage; cependant, il est possible d’estimer le nombre de tempêtes prévues dans une large zone géographique d’après le niveau prévu d’activité cyclonique pour la saison en comparaison aux saisons passées et selon d’autres facteurs environnementaux.
Résumé
Tel que décrit dans l’image 3, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a prédit les niveaux suivants d’activité cyclonique sur l’Atlantique et l’Est et le centre du Pacifique pour 2022 :
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Atlantique : Activité potentiellement supérieure à la normale
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Est du Pacifique : Activité potentiellement inférieure à la normale
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Centre du Pacifique : Activité potentiellement inférieure à la normale
Atlantique
Les prévisions de la NOAA pour la saison des ouragans 2022 indiquent 65 % de probabilité d’une activité supérieure à la normale, 25 % de probabilité d’une saison proche de la normale, et 10 % de probabilité d’une activité inférieure à la normale. Ces prévisions se basent sur des températures élevées à la surface de la mer dans la principale zone de développement des ouragans de l’Atlantique et des Caraïbes, un plus faible cisaillement vertical du vent, une forte mousson Ouest-africaine, et la possibilité de tendances météorologiques découlant de La Niña durant la saison des ouragans. Les modèles indiquent 58 % de probabilité d’un phénomène de La Niña, contre 38 % de probabilité d’un phénomène ENOA et 4 % de probabilité d’un phénomène El Niño.
En plus de la NOAA, d’autres prévisionnistes réputés entrevoient un nombre légèrement plus élevé de tempêtes nommées, d’ouragans, et d’ouragans majeurs que durant la saison moyenne (voir table 1). Comme dans la plupart des saisons des ouragans de l’Atlantique, la majeure partie de l’activité devrait se produire durant les mois de pic entre août et octobre.
Table 1 - Prévisions pour la saison des ouragans de l’Atlantique
L’Université d’État du Colorado (CSU) a offert quelques probabilités concernant le passage d’ouragan dans ses prévisions étendues pour la saison des ouragans de l’Atlantique en 2022. La CSU a établi à 71 % la probabilité qu’au moins un ouragan majeur (catégorie 3 ou supérieure) frappe le littoral continental des États-Unis (la probabilité moyenne était de 52 % au cours du dernier siècle).
Plus spécifiquement, elle établit à 47 % la probabilité qu’au moins un ouragan majeur frappe la côte Est des États-Unis incluant la péninsule floridienne; la probabilité est de 46 % sur la côte du Golfe du Mexique entre la bande côtière de la Floride et Brownsville sur la frontière américano-mexicaine au Texas (contre des moyennes historiques de 31 % et 30 % respectivement). La CSU a également établi à 60 % la probabilité qu’un ouragan majeur passe par les Caraïbes (la moyenne du dernier siècle était de 42 %). AccuWeather a quant à elle prédit que 4 à 6 tempêtes nommées affecteront les États-Unis au cours de la saison, contre une moyenne historique de 3,5.
Est du Pacifique
Les prévisions de la NOAA pour la saison des ouragans 2022 dans l’Est du Pacifique indiquent 60 % de probabilité d’une activité inférieure à la normale, 30 % de probabilité d’une saison proche de la normale, et 10 % de probabilité d’une activité supérieure à la normale. Les prévisions se basent sur les mêmes observations que pour l’Atlantique.
Le phénomène La Niña et les températures plus élevées dans la principale zone de développement des ouragans de l’Atlantique entraînent une activité réduite dans l’Est du Pacifique. Des températures inférieures ou proches de la normale à la surface de la mer sont attendues dans l’Est du Pacifique, ce qui favoriserait une activité inférieure ou proche de la normale. Un grand nombre de tempêtes vont probablement se former (voir table 2), avec des pics d’activité de juillet à septembre. AccuWeather a prévu un niveau d’activité légèrement plus élevé que la NOAA et a prédit que 2 à 4 tempêtes toucheraient directement le littoral mexicain, contre une moyenne historique de 2 à 3.
Table 2 – Prévisions pour la saison des ouragans de l’Est du Pacifique
Centre du Pacifique
Après une année 2021 paisible, qui n’a compté aucune tempête nommée dans le centre du Pacifique, on peut s’attendre à une nouvelle saison relativement calme en 2022, principalement en raison des mêmes conditions climatiques qui ont conduit à des prévisions d’activité inférieure à la normale dans l’Est du Pacifique. Les prévisions de la NOAA pour la saison des ouragans 2022 dans le centre du Pacifique indiquent 60 % de probabilité d’une activité inférieure à la normale, 30 % de probabilité d’une saison proche de la normale, et 10 % de probabilité d’une activité supérieure à la normale
Seules quelques tempêtes tropicales se produisent en moyenne chaque année dans le centre du Pacifique, et il ne faudrait qu’une ou deux tempêtes inattendues pour faire basculer l’activité saisonnière d’inférieure à supérieure à la normale. Cependant, les risques d’un impact direct sur Hawaï demeurent faibles.
Table 3 – Prévisions pour la saison des ouragans du centre du Pacifique
Ces prévisions se basent sur les meilleures données disponibles, un haut niveau d’analyse scientifique, et un recours extensif aux tendances historiques pour en tirer des probabilités aussi précises que possible pour la saison. Cependant, il reste toujours une part d’incertitude dans toute prévision, et des changements significatifs dans les conditions climatiques pourraient altérer les niveaux d’activités des différentes régions.
Par exemple, des incertitudes demeurent quant à la prévalence du phénomène La Niña tout au long de la saison, ou au maintien des tendances actuelles de température à la surface de la mer. Même si les conditions ne suivent pas les prévisions, il est très rare que le phénomène La Niña ait été dominant pendant trois saisons consécutives, ce qui signifie qu’il existe moins de données historiques fiables sur lesquelles baser les prévisions.
Peu importe les niveaux d’activité, le véritable impact des saisons d’ouragans est déterminé par leurs trajectoires et leurs points de chute. Il ne faut qu’une seule tempête pour entraîner une catastrophe. C’est pourquoi quiconque vit ou voyage dans ces régions au fil des prochains mois devrait s’assurer de se tenir informé des conditions météorologiques et prendre les mesures appropriées dans l’éventualité d’une exposition à des systèmes tropicaux.
Impact des ouragans
Les impacts les plus visibles des ouragans se trouvent souvent dans la destruction qu’ils laissent sur leur passage. Les inondations, les vents forts et les mers agitées causés par les tempêtes peuvent entraîner des décès et des blessures ainsi que des dommages aux résidences, aux entreprises et aux terres agricoles, et d’importantes pertes économiques. Les dommages aux infrastructures peuvent causer des coupures de courant étendues, une contamination des eaux, et des interruptions de service d’accès à internet et de télécommunications mobiles. Le passage d’un ouragan pèse lourdement sur les services de santé et d’urgence, qui peuvent se retrouver surchargés par la demande.
Un seul ouragan suffit à causer des perturbations majeures dans les chaînes d’approvisionnement et des impacts économiques. Les inondations, les ondes de tempêtes et les vents destructeurs menacent non seulement la sûreté personnelle de ceux qui se trouvent sur les lieux, mais ont aussi le potentiel de détruire les infrastructures, de compliquer les opérations des chaînes d’approvisionnement, et de créer des perturbations majeures dans les transports. Les fermetures de routes et les achats de panique à l’approche d’un système de tempête peuvent conduire à des pénuries de biens et services suite à son passage.
Le chemin de la reprise après le passage d’un ouragan peut être long et coûteux. Certaines zones peuvent prendre des mois ou des années à retrouver l’apparence qu’elles avaient auparavant, et rien ne garantit qu’une autre tempête ne les frappera pas de nouveau. Les dommages aux aéroports, ports, voies ferrées et autres infrastructures de transports peuvent compliquer la distribution d’aide et de biens requis suite au passage d’un ouragan. Il existe de nombreux impacts secondaires pouvant être attribués à un ouragan, tels qu’une chute du tourisme, de mauvaises récoltes, et des problèmes de santé mentale et physique à long terme dans la communauté.
Mesures de préparation
Quels que soient les niveaux prévus d’activité cyclonique, quiconque vit, travaille, voyage ou compte des intérêts commerciaux dans des zones pouvant potentiellement être exposées aux systèmes tropicaux devrait prendre les mesures adéquates pour se préparer à la saison des ouragans. Voici quelques conseils de préparation à l’éventualité d’un ouragan :
- Évaluez votre exposition au risque : Effectuez une évaluation complète et rigoureuse de vos vulnérabilités afin de mieux comprendre votre exposition potentielle aux tempêtes. Envisagez les pires scénarios et les impacts directs et indirects qu’ils pourraient avoir sur votre entreprise, votre résidence, ou les environs. Essayez de bien comprendre quels risques auront le plus d’impact et prenez les mesures nécessaires pour atténuer cet impact.
- Évaluez votre exposition au risque : Effectuez une évaluation complète et rigoureuse de vos vulnérabilités afin de mieux comprendre votre exposition potentielle aux tempêtes. Envisagez les pires scénarios et les impacts directs et indirects qu’ils pourraient avoir sur votre entreprise, votre résidence, ou les environs. Essayez de bien comprendre quels risques auront le plus d’impact et prenez les mesures nécessaires pour atténuer cet impact.
- Restez informés : Suivez les mises à jour des agences météorologiques et médias locaux. Ainsi, lorsqu’une tempête approche, vous serez tenus au courant de sa trajectoire et de son intensité. Assurez-vous de vérifier régulièrement ces informations afin de prévoir les impacts potentiels à votre emplacement spécifique. Inscrivez-vous aux alertes de sécurité pour les voyageurs, aux alertes des agences de gestion des urgences, et à toutes autres alertes dans la communauté, afin de rester informés de toute recommandation des autorités concernant les tempêtes qui s’approchent.
- Prévoyez un plan : Créez, révisez et mettez à jour tous vos plans d’urgence, de continuité des affaires, ou d’urgence résidentielle pour vous assurer qu’ils restent utiles et adéquats face aux risques posés par les ouragans. Vérifiez que tous les numéros d’urgence sont à jour, et si possible, identifiez les chemins d’évacuation au cas où vous en auriez besoin.
- Conservez des provisions : Constituez une trousse d’urgence ou un sac prêt-à-emporter au cas où vous devriez vous réfugier sur place ou évacuer. Les articles essentiels incluent, sans limitation : de l’eau, des aliments non périssables, une lampe de poche, une trousse de premiers soins, des piles, une radio, des médicaments, des produits sanitaires, des papiers d’identité, et des copies papier des documents importants puisque l’accès à internet ne sera peut-être pas possible suite au passage d’une tempête. Assurez-vous de vérifier régulièrement le bon fonctionnement et la date de validité des articles de votre trousse.
Rester en sécurité pendant et après un ouragan
Les agences météorologiques ont souvent la capacité de surveiller la formation d’ouragans et autres tempêtes afin de prédire leur trajectoire et leur intensité à mesure qu’ils se développent. C’est pourquoi des avertissements sont habituellement diffusés auprès des communautés potentiellement affectées avant le passage d’un ouragan. Si le préavis est assez précoce et l’option d’auto-évacuer est possible avant l’arrivée d’une tempête, il est recommandé de le faire aussi tôt que possible.
Les autorités peuvent fermer les aéroports et les ports à l’approche d’une tempête, ce qui peut faire disparaître rapidement les possibilités d’évacuation. Divers facteurs font qu’il n’est pas toujours possible de fuir la trajectoire d’une tempête, comme par exemple des engagements familiaux ou commerciaux dans un lieu donné ou un changement tardif de trajectoire ou d’intensité de la tempête. Si vous vous retrouvez dans une situation où vous devez traverser la tempête, suivez les conseils suivants :
- Derniers préparatifs : S’il vous reste encore du temps, prenez des mesures pour renforcer vos bâtiments et installations contre les impacts potentiels de la tempête. Obturez les fenêtres avec des planches, sécurisez les structures et éléments non fixés, et dégagez les gouttières pour permettre à l’eau de s’échapper. Vérifiez que vos appareils électroniques sont pleinement chargés en prévision d’éventuelles coupures de courant. Profitez-en pour vous familiariser avec les plans d’urgence ou d’évacuation au cas où ils devraient être activés.
- Suivez les recommandations des autorités : Consultez les dernières mises à jour météorologiques et informations sur la tempête et les recommandations des autorités. Suivez l’ordre d’évacuer le cas échéant, et ne revenez que lorsque les autorités l’estimeront sécuritaire.
- Cachez-vous des vents, éloignez-vous des eaux : Pendant le passage de la tempête, cachez-vous dans un abri désigné ou une pièce intérieure de votre maison, loin des fenêtres. Ne sortez que si des inondations surviennent, auquel cas vous devrez vous rendre en terrain surélevé de manière aussi sécuritaire que possible. Ne tentez pas de conduire ou de marcher dans l’eau – s’éloigner est préférable à se noyer. N’appelez les services d’urgence que si vous êtes en danger de mort, car ils seront probablement très surchargés à ce moment.
- Après l’ouragan : Méfiez-vous des dangers qui persistent après le passage de l’ouragan. Ne quittez votre abri que lorsque les autorités l’estimeront sécuritaire. Une brève accalmie des vents pourrait être interprétée à tort comme la fin de la tempête, alors qu’il s’agit de son œil, et les vents intenses pourraient bientôt reprendre. Pendant le nettoyage, faites attention et portez des vêtements protecteurs. Ne touchez aucun équipement électrique s’il a été en contact avec l’eau ou si vous avez les pieds dans l’eau. L’humidité peut également offrir un terrain fertile à la moisissure et aux maladies hydriques. Ne téléphonez que pour les urgences. Les réseaux téléphoniques pourraient être interrompus ou surchargés, alors privilégiez les SMS ou les médias sociaux pour informer vos proches de votre état et vous enquérir au sujet des autres.
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Auteur(e)(s)
Charles Hogger
Analyste du renseignement II, équipe météo et environnement
Charles a rejoint Drum Cussac (avant son intégration à Crisis24) en tant que Global Operations Officer en avril 2018, acquérant une connaissance approfondie des nombreux aspects opérationnels de l...
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