Le 8 septembre, vers 23h11, un tremblement de terre de magnitude 6,8 s'est produit dans la province de Chichaoua, dans les montagnes du Haut Atlas au Maroc. L'épicentre a été localisé à 56 km à l'ouest de l'Oukaimeden, entre les deux grandes villes de Marrakech et d'Agadir. Des secousses ont été ressenties jusqu'à 250 km de l'épicentre. À la date du 13 septembre, les autorités font état d'au moins 2 900 morts et de plus de 5 500 blessés. Le nombre de victimes augmentera très certainement dans les jours et les semaines à venir, au fur et à mesure que les opérations de sauvetage se poursuivront. Les autorités ont également signalé des dégâts considérables sur les routes et les infrastructures près de l'épicentre. Des sites historiques et culturels ont également été touchés, notamment la mosquée de Tinmel dans les montagnes du Haut Atlas, ainsi que la vieille ville de Marrakech et ses anciens remparts. Les autorités ont déployé les forces armées dans la région pour fournir des services d'urgence. Des secouristes des pays voisins ont été envoyés pour aider les forces marocaines sur le terrain.
Le Maroc est habitué aux tremblements de terre, en particulier sur sa côte et dans les montagnes du Haut Atlas, car le pays est situé à la frontière des plaques tectoniques eurasienne et africaine. Toutefois, l'activité sismique la plus importante a tendance à se produire plus à l'est, en Méditerranée, la Grèce et la Turquie étant particulièrement touchées. Des séismes de cette ampleur se sont déjà produits : en 1960, un séisme de magnitude 5,8 a détruit la ville d'Agadir, tuant au moins 12 000 personnes ; en 2004, un séisme de magnitude 6,5 a tué 630 personnes dans les montagnes du Rif, près d'Al Hoceima, dans le nord du Maroc ; en 2019, un séisme de magnitude 5,3 a frappé Midelt, une région à la frontière avec l'Algérie, mais n'a causé que des dégâts matériels. Au cours des 20 dernières années, les tremblements de terre ont eu un impact limité sur la population marocaine, ce qui explique sa surprise et son manque de préparation face à l'activité sismique dans les zones densément peuplées. Comme en 1960, les gens ont vu des rues et des bâtiments s'effondrer sur eux-mêmes, ajoutant à la destruction et à la désolation totale.
Impact socio-économique
Alors que les opérations de recherche et de sauvetage se poursuivent, la réaction du gouvernement marocain a fait l'objet d'un examen minutieux. En effet, des rapports indiquent que le roi Mohammed VI se trouvait en France lorsque le tremblement de terre a frappé son pays et qu'il n'aurait pas été en mesure de coordonner les interventions d'urgence dans les premières heures. Alors que les communications du palais ont été limitées, le roi semblait se concentrer sur les relations internationales et la politique. En effet, le Maroc a décidé officiellement d'accepter l'aide publique de seulement quatre pays (Qatar, Espagne, Émirats arabes unis et Royaume-Uni) parmi les 60 offres d'aide qu'il a reçues, mentionnant des efforts pour mieux coordonner la distribution de l'aide. D'autres gouvernements étrangers ont promis des fonds considérables aux organisations d'aide sur place, notamment la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Les milieux d'affaires, internationaux et locaux, n'ont pas tardé à répondre à l'appel et à fournir des fonds pour l'aide et le redressement.
En plus d'être le tremblement de terre le plus meurtrier que le Maroc ait connu en 60 ans, les rapports indiquent que la catastrophe naturelle pourrait entraîner une perte de 8 % du PIB, soit environ 10,7 milliards d'USD, selon la Banque mondiale. Comme toute catastrophe naturelle de grande ampleur, le tremblement de terre aura probablement un impact négatif direct à court terme sur l'économie marocaine, affectant les infrastructures ainsi que le pouvoir d'achat de la population marocaine. Les effets indirects, à mesure que les dommages économiques se propagent à travers les réseaux commerciaux et les chaînes d'approvisionnement, auront des retombées sur l'activité commerciale dans la région à court et à moyen terme. L'ampleur de l'impact économique du tremblement de terre dépendra de la capacité du Maroc à réaffecter des ressources à la reconstruction.
Préoccupations en matière de sécurité
Enfin, les tremblements de terre qui ont frappé le Maroc entraîneront probablement de nouvelles menaces pour la sécurité. La sécurisation des zones touchées par les catastrophes naturelles peut s'avérer difficile, et la criminalité et l'instabilité politique ont tendance à augmenter dans leur sillage. Le manque perçu d'action du gouvernement, ainsi que l'impact économique probable du tremblement de terre, peuvent également conduire à une augmentation de l'agitation. L'impact économique négatif à long terme conduira probablement à une augmentation de la pauvreté et à un accroissement des migrations à travers la mer Méditerranée. La marginalisation probable des jeunes en raison des pressions économiques pourrait également entraîner une augmentation du nombre de personnes radicalisées rejoignant des organisations militantes extrémistes, une menace qui a considérablement diminué ces dernières années, mais qui n'a jamais été totalement éliminée.
Auteur(e)(s)
Dyna Faid
Analyste du renseignement II
Dyna est une analyste de renseignements basée à Paris pour Crisis24, spécialisée dans la région MENA. Elle est titulaire d'un master en management de l'ESSEC Business School et d'un master en affaires...
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