L’immobilisation nationale de tous les départs pendant 90 minutes aux États-Unis les 10 et 11 janvier a conduit à plus de 11 000 annulations et retards. Bien que le système aérien national américain (NAS) doit gérer l’espace aérien le plus complexe et achalandé au monde, une perturbation de cette envergure n’était pas survenue depuis le 11 septembre 2001, et l’incident a mis en lumière un ensemble de problèmes, incluant des technologies vieillissantes, des facteurs humains, et des risques pour la cybersécurité. Il survient dans un climat d’animosité croissante du public envers les retards et annulations dans l’industrie. Le coût potentiel lié à l’incapacité de combler ces insuffisances devrait inciter les parties prenantes de l’industrie à œuvrer en vue de leur résolution à moyen terme, bien que d’autres incidents d’envergure du même type demeurent possibles d’ici là.
Les implications pour la sécurité
Les avis aux navigants (NOTAM) communiquent des informations d’urgence dans le NAS. Ils sont diffusés en temps réel et ne sont donc pas inclus dans d’autres publications comme les cartes aéronautiques. En plus de fournir des mises à jour pour les cartes, ils avertissent les usagers de tout statut anormal dans le NAS, comme des fermetures temporaires d’aéroports ou d’une portion de l’espace aérien. Les NOTAM ne sont qu’une petite composante du système qui contribue à faire du NAS l’environnement de transport le plus sûr aux États-Unis ; et les pilotes doivent réviser les NOTAM pertinents avant tout vol. Néanmoins, les pannes ont fait craindre que la distribution de ces avis soit interrompue, ce qui a entraîné une suspension de l’ensemble du trafic aérien et placé la technologie au-devant des préoccupations de l’industrie.
La technologie sous pression
Le vieillissement des technologies et les craintes entourant le manque de redondance des systèmes ne sont pas nouveaux dans l’industrie de l’aviation, comme l’a démontré au mois de décembre l’effondrement des opérations de Southwest Airlines (WN). L’administration fédérale de l’aviation (FAA) a fait l’objet de critiques répétées et d’accusations d’incapacité à gérer et améliorer les systèmes en place dans le contrôle du trafic aérien, et avait précédemment demandé à ce que des postes spécifiques de son budget 2023 soient consacrés à la réparation de matériel obsolète et à certaines mises à jour, incluant celle des NOTAM. Cependant, bien que les partenaires de l’industrie soient conscients des insuffisances de leur environnement technologique en constante évolution, leur correction nécessiterait des investissements financiers substantiels dans une période où beaucoup de transporteurs et d’agences gouvernementales doivent opérer dans des conditions financières restreintes suite à la pandémie de COVID-19. En outre, le département américain des transports a pris des mesures d’allègement du fardeau des passagers en demandant aux transporteurs américains de les rembourser pour les vols annulés et de couvrir leurs dépenses jusqu’à une certaine limite, ajoutant encore à leurs défis financiers.
Le facteur humain
Bien que le vieillissement des technologies ait joué un rôle de premier plan dans certaines crises récentes, celles-ci ont souvent commencé par un élément déclencheur, comme la météo dans le cas de Southwest Airlines, ou des pannes de systèmes. Les interactions entre l’humain et la technologie ont permis d’améliorer la sûreté dans l’industrie, mais elles peuvent avoir un effet catalyseur lors d’une faille de système, comme ce fut le cas lors de la récente panne du FAA. Le NAS intègre de nombreuses composantes qui permettent à divers acteurs au sein de son architecture de coordonner le travail des uns et des autres, incluant des fournisseurs du gouvernement et des individus en charge de superviser les systèmes. Les événements récents ont attiré les projecteurs sur l’importance de la formation et des niveaux d’effectifs pour réduire l’erreur humaine.
Les vulnérabilités face aux cyber-risques
Bien qu’aucune preuve directe n’ait établi que la panne des 10 et 11 janvier était due à une cyberattaque, l’incident a exposé les vulnérabilités entraînées par la dépendance excessive à un seul système. Celle-ci donne aux attaquants potentiel une grande marge de manœuvre pour interrompre le trafic aérien aux États-Unis, et provoquer d’importantes perturbations avec des impacts économiques. Les questions entourant la sécurité des technologies vieillissantes ou obsolètes, ainsi que leur vulnérabilité aux failles de système, vont continuer de représenter une préoccupation croissante pour l’industrie.
Conclusion
Le secteur de l’aviation doit placer la sécurité en priorité, et doit dans la plupart des cas se montrer réfractaire au risque ; et ces principes ont démontré leur efficacité au fil du temps, si l’on se fie au bilan de sûreté de l’aviation américaine. Cependant, la perception et la confiance du public concernant la fiabilité des vols aux États-Unis se sont détériorées au cours des dernières années, et vont continuer de souffrir dans un futur rapproché sous l’effet des perturbations sporadiques du NAS. Néanmoins, tant le FAA que les transporteurs vont œuvrer à la mise à jour des technologies et à l’ajustement des niveaux d’effectifs dans le but de combler les insuffisances à moyen terme. Malgré les défis de l’environnement opérationnel, les pénalités et autres coûts liés au rétablissement suite à des événements perturbateurs à grande échelle peuvent fortement gruger les marges de profit, ce qui devrait motiver la recherche de solutions rapides aux défaillances actuelles.
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Auteur(e)(s)
Janna Hyland
Intelligence Analyst II, Aviation
Janna Hyland is a U.S.-based aviation intelligence analyst. She joined Crisis24 in 2022 and holds a Bachelor’s degree in Aeronautical Science from Embry-Riddle Aeronautical University, along with her...
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