Érythrée Rapport national
Petit pays de la Corne de l'Afrique, l'Érythrée a connu une relative stabilité politique sous le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ) et son dirigeant autocratique M. Isaias Afewerki. Toutefois, le régime autoritaire de M. Afewerki n'a pas réussi à mettre en œuvre la constitution rédigée après l'indépendance et a reporté à plusieurs reprises les élections présidentielles en invoquant une menace pour la sécurité nationale. Le gouvernement contrôle tous les médias du pays et réprime agressivement toute forme de dissidence politique. L'opposition politique en exil, bien organisée, n'a pas réussi à contester le régime au niveau national.
La situation économique actuelle du pays est difficile et la majorité des Erythréens vivent dans la pauvreté. Le climat d'investissement a historiquement été miné par le régime autoritaire de l'État, la médiocrité des infrastructures et les sanctions internationales. Cependant, la levée des sanctions de l'ONU en novembre 2018 et le rapprochement avec l'Éthiopie ont récemment conduit à une légère amélioration de la confiance des investisseurs.
Les régions frontalières du pays se sont également révélées instables : l'Érythrée a un passé d'affrontements avec ses voisins pour des différends territoriaux. En juin 2018, l'Érythrée a entamé un processus de rapprochement avec l'Éthiopie après que le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ait annoncé que son gouvernement céderait la ville de Badme à l'Érythrée. Ce rapprochement met ainsi fin au différend frontalier qui opposait les deux pays depuis 20 ans. L'apaisement des tensions a conduit à la réinstallation de liaisons téléphoniques et de vols commerciaux directs entre les deux pays. Cependant, la frontière entre l'Érythrée et l'Éthiopie reste fermée. Une forte présence des forces armées érythréennes est disposée le long de cette frontière ; elle s'explique par l'opération militaire éthiopienne contre le Front populaire de libération du Tigre (TPLF) dans la région du Tigré. En outre, le différend frontalier entre l'Érythrée et Djibouti n'est toujours pas résolu et reste une source d'instabilité dans l'est du pays.
Bien que les routes entre les grandes villes soient généralement goudronnées, le réseau routier du pays reste sous-développé. De plus, de nombreuses zones frontalières et reculées souffrent d'une importante contamination par les mines terrestres et les munitions non explosées. La circulation des ressortissants étrangers à l'intérieur du pays continue d'être restreinte et un permis est nécessaire pour les étrangers qui voyagent à l'extérieur d'Asmara.
Les principales menaces pour les voyageurs étrangers en Érythrée sont la surveillance de l'État, les collisions routières et les risques sanitaires. Les niveaux d'activité criminelle ont tendance à être relativement bas et les crimes violents sont rares, bien qu'il y ait des preuves anecdotiques que la criminalité a augmenté lentement au cours des dernières années. On sait que des groupes de rebelles et de milices armés opèrent dans certaines zones frontalières, notamment le long des frontières avec le Soudan et l'Ethiopie.
Sécurité
L'Érythrée est tombée dans un climat de guerre froide avec l'Éthiopie après la fin du conflit frontalier en 2000, ce qui a entraîné une forte militarisation de la frontière, avec des affrontements sporadiques et des reprises de conflits. Cependant, depuis que le gouvernement éthiopien a annoncé qu'il céderait les territoires contestés à l'Érythrée en juin 2018, les tensions le long de la frontière se sont considérablement atténuées.
Le contentieux frontalier avec Djibouti, qui a éclaté à la suite d'une intrusion des forces érythréennes en 2008, n'est toujours pas résolu et continue d'être une source d'instabilité dans le sud. Les tensions se sont aggravées après le retrait des forces de maintien de la paix qataries en juin 2017, mais des initiatives récentes ont été déployées en vue d'une résolution du différend.
Les niveaux d'activité criminelle en Érythrée sont faibles comparés aux standards régionaux mais ont augmenté ces dernières années. La menace criminelle est généralement caractérisée par des larcins ainsi que par des vols aux premières heures du jour. Toutefois, on recense également des carjackings, des cambriolages de résidences et des agressions.
Les mouvements de contestation sont rares en raison des politiques gouvernementales répressives couplées à un dispositif de sécurité omniprésent ayant toujours fait preuve de réponses agressives à toutes formes de protestation.
Infrastructure
Les inquiétudes relatives à la surveillance réglementaire de l'aviation civile en Érythrée ont conduit à l'interdiction pour les compagnies aériennes du pays d'opérer dans l'espace aérien de l'Union européenne. Toutefois, plusieurs transporteurs internationaux réputés, dont Turkish Airlines, Ethiopian Airlines et Emirates, assurent des vols réguliers vers l'aéroport international d'Asmara (ASM). Les installations de l'ASM sont conformes aux normes internationales et les mesures de sécurité de l'aéroport sont généralement jugées insuffisantes.
Les déplacements par la route sont dangereux. Le mauvais état des routes et le respect partiel des règles de circulation rendent la conduite automobile particulièrement difficile pour les voyageurs étrangers. De nombreuses routes en zones rurales peuvent devenir impraticables pendant la saison des pluies et peuvent être particulièrement dangereuses par temps humide en raison des virages serrés et des descentes abruptes.
L'infrastructure électrique reste concentrée autour des centres urbains, malgré une amélioration de sa desserte ces dernières années. Toutefois, la demande continue a surpassé la production d'électricité, ce qui entraîne de fréquentes pannes et des délestages.
Par ailleurs, la couverture Internet reste faible, la plupart des accès étant restreints à la capitale et caractérisés par des vitesses lentes. Les communications seraient régulièrement surveillées par les agences de sécurité du gouvernement.
Environnement
Le climat de l'Érythrée varie en fonction de la région et de l'altitude. Les hauts plateaux, y compris Asmara, bénéficient généralement d'un climat tempéré, tandis que les zones plus basses de la côte et de l'ouest restent arides. La saison des pluies touche les plateaux, comme Asmara, de fin juin à début septembre, et les zones côtières, dans une moindre mesure, de novembre à février. Le pays est vulnérable au phénomène climatique El Nino, qui peut exacerber les sécheresses et renforcer l'impact des retards de pluie.
L'Érythrée est également située dans une région sismique active, avec des tremblements de terre périodiques enregistrés qui pourraient déclencher des éruptions des volcans, pour la plupart dormants, dans les régions méridionales du pays.
La contamination par les mines terrestres et les munitions non explosées reste élevée en Érythrée, de nombreuses zones connues pour contenir des champs de mines n'ayant toujours pas été déminées.
Santé et médecine
Le paludisme et diverses autres maladies à transmission vectorielle telles que la dengue, la filariose, la leishmaniose et l'onchocercose (cécité des rivières) sont des sujets de préoccupation médicales en Érythrée, au même titre que la rage, la tuberculose, les hépatites A et B et le choléra. Les établissements hospitaliers sont peu nombreux, en particulier en dehors de la capitale, et des évacuations médicales sont généralement nécessaires pour les blessures ou les cas médicaux graves. Seuls les produits pharmaceutiques de base sont disponibles, même à Asmara ; de nombreux médicaments délivrés sur ordonnance sont en quantité limitée. L'eau du robinet n'est pas potable.
Politique
L'éventail politique de l'Érythrée reste dominé par le président Afewerki et le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ), qui a écrasé toute forme de dissidence et ne fait face qu'à des défis intérieurs limités. L'État de droit est également extrêmement limité, le système judiciaire étant étroitement lié au régime et l'appareil de sécurité pouvant détenir quiconque indéfiniment sans inculpation. Le gouvernement américain a imposé des sanctions au chef d'état-major des forces de défense érythréennes (EDF), Filipos Woldeyohannes, pour avoir dirigé une entité accusée d'"actes ignobles", notamment de massacres, d'agressions sexuelles généralisées et d'exécutions dans la région éthiopienne du Tigré. Les États-Unis demandent à plusieurs reprises le retrait des troupes érythréennes de la région du Tigré. Les troupes érythréennes sont entrées dans le Tigré en novembre 2020 pour soutenir les forces fédérales d'Éthiopie.