L'industrie mondiale du cuivre ne devrait pas connaître de perturbations majeures malgré les interruptions de production

En 2024, le Chili et la RDC ont contribué à environ 34 % de la production mondiale de cuivre, avec respectivement 5,3 et 3,3 millions de tonnes. Une panne de courant nationale le 25 février a perturbé l'industrie minière du cuivre au Chili, principalement située dans les régions du nord. Pendant la panne, Escondida, la plus grande mine de cuivre du monde, qui représente environ 5 % de la production mondiale, a connu des perturbations de production, tandis que plusieurs mines appartenant à la société d'État Codelco à Chuquicamata, Andina, Salvador et El Teniente ont également été privées d'électricité ; d'autres sites ont dû utiliser des générateurs de secours pour fonctionner partiellement.

À court terme, les perturbations importantes de l'approvisionnement mondial en cuivre sont peu probables, les autorités ayant rétabli l'électricité au Chili le 26 février. Bien que les conditions météorologiques défavorables et les problèmes de transmission continuent de menacer l'approvisionnement en électricité au Chili, le pays prévoit de développer les énergies renouvelables pour répondre à 80 % de ses besoins en électricité d'ici 2030. Cela devrait compenser les futures hausses de la demande liées à l'augmentation de la production de cuivre.
 

Le conflit en cours entre les rebelles du M23 et les forces gouvernementales continue d'alimenter l'insécurité en RDC. Les combats dans les régions orientales du pays ont probablement perturbé les activités minières au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, où l'on trouve des minerais tels que le coltan, la cassitérite et l'or. Cependant, aucun élément probant ne suggère que le conflit ait eu un impact direct sur les principales mines de cuivre, car elles sont principalement situées dans la région du Katanga, au sud du pays. Cependant, les répercussions de l'instabilité dans le pays pourraient perturber les réseaux de transport et les infrastructures régionales, ce qui pourrait affecter les exportations de cuivre et la logistique. Le corridor de Lobito, une route commerciale essentielle reliant la RDC, l'Angola et la Zambie aux marchés mondiaux, reste notamment globalement épargné par les affrontements.

Les autorités de la RDC ont également imposé des couvre-feux nocturnes dans le Lualaba et le Haut-Katanga au moins jusqu'au début du mois d'avril. Ces provinces font partie de la ceinture de cuivre du Katanga en RDC et contribuent de manière significative à la production de cuivre de la RDC. Une réduction des heures de travail limitera encore davantage la production et pourrait affecter les rendements de production.

Bien que les droits de douane américains récents exemptent des produits tels que le cuivre, les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, les articles en bois, les produits énergétiques et certains minéraux essentiels, la possibilité que des droits de douane soient imposés sur ces produits à l'avenir reste une préoccupation valable. En fin de compte, les États-Unis voudraient trouver des solutions pour protéger leur production nationale de cuivre et résoudre les problèmes de surcapacité et de dumping. En 2024, les États-Unis ont consommé environ 1,6 million de tonnes de cuivre raffiné, dont près de 800 000 tonnes ont été importées du Chili, du Canada et du Mexique.

Bien que l'introduction de droits de douane sur le cuivre à l'avenir soit susceptible de stimuler la production intérieure américaine, elle augmenterait le coût global de production pour les industries américaines dépendantes du cuivre. Compte tenu du rôle essentiel du cuivre dans les applications industrielles et de fabrication de pointe, des secteurs tels que les véhicules électriques, l'électronique, les énergies renouvelables, le matériel militaire et les semi-conducteurs pourraient être confrontés à des perturbations de production en raison de l'augmentation des coûts, qui se répercuterait probablement sur les consommateurs sous la forme d'augmentations de prix.

De plus, les principaux partenaires commerciaux des États-Unis dans le secteur du cuivre pourraient également prendre leurs propres mesures de rétorsion. Les incertitudes qui en résulteraient sur le marché mondial pourraient également amener les fournisseurs de cuivre à réorienter leurs approvisionnements vers d'autres pays, ce qui pourrait entraîner une offre excédentaire sur les marchés en dehors des États-Unis.

À court terme, une augmentation temporaire des coûts de production du cuivre est possible en raison des problèmes d'infrastructure persistants au Chili et de la situation géopolitique incertaine en RDC. Cependant, ces problèmes ne devraient pas entraîner de perturbations prolongées de la chaîne d'approvisionnement.

L'imposition de droits de douane par les États-Unis pourrait inciter les principaux exportateurs de cuivre à réorienter leur offre vers d'autres marchés, tels que la Chine, l'Inde et l'UE. Les pays ayant une forte demande industrielle, comme la Chine, en particulier dans le secteur des véhicules électriques, pourraient profiter de la baisse des prix pour s'assurer des matières premières supplémentaires.
À moyen et long terme, les États-Unis pourraient perturber les chaînes d'approvisionnement mondiales en cuivre par le biais de droits de douane, ce qui pourrait avoir un impact sur les fabricants, accélérer le réalignement du commerce mondial et encourager les investissements stratégiques dans les industries en aval liées au cuivre.

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