APERÇU DES PROCÉDURES
Le Sénat kenyan a entamé le processus de destitution contre Gachagua suite à plusieurs allégations, notamment la promotion de divisions ethniques politiques, le sabotage du président William Ruto et son implication dans les manifestations anti-gouvernementales survenues plus tôt cette année. Le 8 octobre, l'Assemblée nationale a voté massivement en faveur de la destitution avec 282 membres en soutien et seulement 44 opposants. Gachagua a tenté de contester la destitution devant la Haute Cour, mais l'affaire a été rejetée le 15 octobre. Malgré son hospitalisation pour des douleurs thoraciques, le procès au Sénat a continué, démontrant la détermination du Sénat à le démettre de ses fonctions, d'autant plus que Gachagua avait récemment rompu avec le président Ruto.
Après la décision du Sénat, Gachagua a fait une deuxième tentative pour faire appel de la décision devant la Haute Cour. Si le tribunal trouve des motifs suffisants, cela conduira à sa réintégration. Pendant ce temps, le président Ruto a déjà nommé le ministre de l'Intérieur Kithure Kindiki comme nouveau vice-président. Dans un retournement de situation surprenant, la Haute Cour a émis une ordonnance suspendant le remplacement de Gachagua jusqu'au 24 octobre, date à laquelle les affaires déposées contre la destitution pourront être entendues. Cette intervention juridique ajoute une autre couche de complexité à une situation politique déjà volatile, car la décision du tribunal pourrait soit maintenir la destitution de Gachagua, soit permettre à Kindiki d'entrer en fonction.
IMPLICATIONS POUR LES TROUBLES CIVILS ET L'INCERTITUDE POLITIQUE
Les procédures de destitution contre Gachagua ont suscité des inquiétudes quant à d'éventuels troubles civils, en particulier dans son bastion de la région du Mont Kenya. Rien qu'en octobre, le Kenya a connu 22 manifestations liées à la destitution, dont la plupart étaient pacifiques et en faveur de Gachagua. Cependant, ces rassemblements présentent un risque crédible d'escalade, notamment des confrontations potentielles entre manifestants et forces de l'ordre.
La situation souligne la capacité de Gachagua à mobiliser un soutien public important, notamment dans des comtés comme Kirinyaga, Laikipia, Nyandarua et Nyeri. En tant que figure éminente de cette région influente, sa destitution potentielle pourrait exacerber les tensions ethniques, notamment entre les communautés Kalenjin et Kikuyu, pouvant conduire à des manifestations plus répandues et à des conflits localisés. La police pourrait disperser les foules de force en utilisant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, posant des risques non seulement pour les participants mais aussi pour les passants à proximité, indiquant la possibilité de troubles prolongés à mesure que le processus de destitution se déroule.
De plus, la destitution est susceptible d'avoir des impacts significatifs sur le gouvernement de Ruto dans les mois à venir. Bien que cela puisse permettre à Ruto de consolider son pouvoir, cela risque également d'aliéner la base de soutien substantielle de Gachagua. Cela pourrait entraîner un retour de bâton et des appels à la responsabilité de l'administration de Ruto, en particulier parmi les politiciens Kikuyu qui ont été instrumentaux dans son élection. De plus, cela pourrait approfondir les divisions au sein de l'alliance au pouvoir et influencer les alliances politiques en vue des élections de 2027.
L'incertitude politique créée par cette destitution pourrait également avoir des répercussions économiques importantes. Le Kenya est actuellement à la recherche de nouveaux prêts du Fonds monétaire international, et l'instabilité politique pourrait compliquer ces négociations. La capacité du gouvernement à aborder des problèmes urgents tels que la corruption, la montée de la dette nationale et le chômage croissant pourrait être entravée par les turbulences politiques.
Auteur(e)(s)
Allo Tedla
Analyste du renseignement IV
Allo Tedla est un analyste du renseignement régional basé aux États-Unis. À ce titre, il surveille l'évolution des événements dans les régions africaines de l'Est et de la Corne à des fins d'alerte et...
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