Préparé par Kara Gronberg et par Candace Wesley, analystes du renseignement, Services de gestion des risques
Les applications ont gagné tant en popularité qu'en portée au cours de la dernière décennie, et d'autant plus quand la pandémie de COVID-19 a donné lieu à des mesures de confinement dans la plupart des pays du monde, et que beaucoup d'utilisateurs ont cherché à faire des rencontres hors de leurs logements sous quarantaine. Cependant, la popularité croissante des applications de rencontre engendre des risques pour certains utilisateurs lesbiennes, gais, bisexuel(les), transgenre et queer (LGBTQ). Deux des toutes premières applications de rencontres ont vu le jour dans la communauté gaie, et depuis lors, ces applications se sont étendues à l'ensemble de la communauté LGBTQ comme de nouveaux moyens de rencontrer des partenaires.
Les individus LGBTQ qui vivent dans des communautés conservatrices ou intolérantes pourraient croire que les applications sont la façon la plus sûre de rencontrer des partenaires potentiels, ce qui contribue à la popularité de ces applications. Cependant, celles-ci peuvent poser des risques aux utilisateurs LGBTQ. De par le monde, des personnes anti-LGBT et des agents des gouvernements se servent des fonctions de géolocalisation des applications de rencontres pour cibler, harceler, agresser ou emprisonner des personnes LGBTQ sur la base de leur orientation sexuelle. Ces risques sont surtout présents dans des régions intolérantes comme la Russie, les anciens pays de l'Union soviétique, l'Afrique, et certains pays d'Asie. On trouve habituellement dans ces pays des lois oppressives à l'encontre de la communauté LGBTQ.
Risques liés aux applications de rencontres LGBTQ géolocalisées
L'utilisation d'applications de rencontres géolocalisées a conduit à des violences et à des persécutions envers des membres de la communauté LGBTQ. Ces applications sont conçues de manière à ce que les utilisateurs puissent rencontrer des gens situés dans un certain rayon autour d'eux, mais cette fonctionnalité pose des risques aux invididus LGBTQ. Presque toutes les applications de rencontres montrent la localisation précise de leurs utilisateurs à d'autres utilisateurs afin d'identifier des connexions au sein d'un rayon donné. Bien que pratique, cette fonctionnalité pose des risques à tous les utilisateurs car des individus anti-LGBTQ peuvent s'en servir pour trianguler leur emplacement approximatif.
Des agents de police égyptiens ont attiré un homme gai dans un piège qui a mené à son arrestation pour débauche. La police a présenté comme preuves des relevés de clavardage d'une application de rencontres. Après 11 mois dans un centre de détention, l'homme a été condamné à un an de prison.
Bien que ce danger existe pour tous les utilisateurs d'applications de rencontres, les membres de la communauté LGBTQ sont particulièrement à risque quand des agents du gouvernement et des anti-LGBTQ se servent des applications de rencontres géolocalisées pour agresser, harceler ou emprisonner des personnes LGBTQ. Parmi leurs méthodes de ciblage dans les applications de rencontres, ils peuvent attirer leurs victimes dans un lieu privé pour un prétendu rendez-vous, faire du chantage à ceux qui leur envoient des photos dénudées, ou trianguler leur emplacement. Il a été rapporté en Égypte que des utilisateurs homophobes font régulièrement des captures d'écran dans les applications de rencontres et les salons de clavardage LGBTQ et les diffusent pour qu'elles soient vues par les autorités, les employeurs et la communauté. Des agents des gouvernements ciblent également les personnes LGBTQ dans les pays où les relations homosexuelles sont illégales, en s'appuyant sur des lois défuntes ou ambiguës pour effectuer des arrestations.
Les risques pour les personnes LGBTQ varient selon les pays
Les personnes LGBTQ s'exposent à un plus grand risque d'être ciblés au moyen d'applications de rencontres dans les pays où règnent l'insécurité et l'intolérance, même si la menace est présente partout. Des incidents de violence contre des personnes LGBTQ ciblés au moyen d'applications de rencontres ont été rapportés dans des pays à forte insécurité comme la Russie, l'Égypte et l'Afrique du Sud, mais aussi dans des pays plus sûrs comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, la Belgique et les Pays-bas. Les violences ciblant la communauté LGBTQ est généralement médiatisée dans les pays plus sûrs car ces incidents y sont moins fréquents. Les incidents violents contre la communauté LGBTQ sont plus fréquents dans les pays à forte insécurité, où l'on trouve des lois discriminatoires et globalement intolérantes, et sont peu souvent médiatisés à moins que la violence ait été particulièrement grande ou que la victime soit un(e) étranger(ère). En outre, les crimes ciblant la communauté LGBTQ ne sont pas rapportés de la même façon à travers le monde, car les personnes LGBTQ peuvent subir de la discrimination ou ne pas être prises au sérieux par les autorités.
Gérer la confidentialité des utilisateurs d'applications de rencontres
Plusieurs applications de rencontres intègrent des protections pour les personnes LGBTQ, particulièrement lorsqu'elles voyagent dans des lieux à forte insécurité comme la Russie, les anciens pays de l'Union soviétique, et l'Afrique; cependant ces protections ne sont pas à toute épreuve. Certaines applications dissimulent automatiquement le profil et l'emplacement des utilisateurs LGBTQ lorsque ceux-ci se déplacent dans des lieux à forte insécurité, afin de réduire les risques qu'ils soient victimes de crimes haineux. Les utilisateurs LGBTQ peuvent alors choisir de laisser la dissimulation en place ou bien de rendre leur profil public. S'ils optent pour ce dernier choix, l'application dissimule alors leur orientation sexuelle ou leur identité de genre pour mettre ces individus à l'abri de la violence. D'autres applications ont mis en place des systèmes d'alerte qui avertissent les utilisateurs quand ils se déplacent dans un pays où les personnes LGBTQ sont criminalisées ou discriminées.
Bien que plusieurs applications de rencontres aient mis en place des mesures de sécurité, elles ne protègent pas complètement leurs utilisateurs LGBTQ contre les risques. Vos employés LGBTQ qui utilisent des applications de rencontres doivent donc garder à l'esprit les risques potentiels pour leur sûreté, et bien comprendre les mesures de prévention qu'elles peuvent mettre en œuvre pour protéger leur confidentialité lorsqu'elles s'inscrivent à ces plateformes.
Les conseils suivants peuvent aider les personnes LGBTQ à préserver leur confidentialité et leur sûreté :
- Évitez les points d'accès Wi-Fi publics, et évitez de partager dans les réseaux de rencontres des renseignements personnels identifiables comme l'endroit où vous travaillez.
- N'acceptez pas de boissons, de cigarettes ou de gommes à mâcher de la part d'inconnus, car il arrive que des assaillants y ajoutent de la drogue.
- Si vous faites face à une situation potentiellement violente, placez-vous immédiatement à l'abri dans un lobby d'hôtel ou un édifice public (librairie, théâtre, hôpital, musée...).
- Les visiteurs d'un pays sont soumis à ses lois, et le gouvernement de leur pays d'origine ne peut obtenir la libération d'un individu emprisonné à l'étranger. Les consulats ne peuvent offrir qu'une assistance limitée à leurs ressortissants emprisonnés. Et dans certains pays, la charge de la preuve incombe à l'accusé et non à l'accusation.
- Méfiez-vous des préjugés culturels dans votre évaluation du niveau de tolérance. En Afrique et en Asie, ne présumez pas comprendre les subtilités d'une culture à moins de bien la connaître. Par exemple, dans bien des pays, il est courant pour les hommes de se prendre par la main dans un esprit amical et non pour manifester un intérêt sexuel. D'autres comportements qui pourraient indiquer des sentiments romantiques sont en réalité platoniques.
- Évitez les applications de rencontres dans certains pays où les relations homosexuelles sont illégales ou dans les villes où la violence anti-LGBTQ est élevée.
- N'utilisez pas de réseaux sociaux ou applications de rencontres LGBTQ dans les pays dont les autorités les ont totalement ou partiellement interdites, comme la Turquie, le Liban, l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Indonésie et l'Égypte.
- Ne présumez pas être à l'abri d'une arrestation dans les pays où les relations homosexuelles sont illégales.
- Évitez d'envoyer des photos personnelles explicites à d'autres utilisateurs des applications pour éviter d'être victime de chantage.
- En public, n'adoptez pas de comportements qui pourraient attirer l'attention.
- Si vous provenez d'un pays à faible risque ou si vous voyagez dans un pays à faible risque, rapportez tout incident à votre ambassade ou consultat si vous êtes ciblé(e) par un agent du gouvernement, un maître chanteur, ou une personne anti-LGBTQ. Évitez de rapporter de tels incidents à votre ambassade si vous provenez d'une région où les risques sont élevés car cela pourrait donner lieu à une arrestation.
- Dans les environnements à faible risque, si vous organisez un rendez-vous, alors faites-le dans un lieu public neutre. Ne prenez pas de rendez-vous dans les environnements de forte insécurité; si vous le faites quand même, soyez conscient(e) qu'un rendez-vous homosexuel en public peut conduire au harcèlement, à la discrimination, ou à votre arrestation.
- Familiarisez-vous avec les expressions et termes locaux qui indiquent une attitude méprisante à l'égard des individus LGBTQ.
L'Observatoire du renseignement de sécurité LGBTQ (PRISM) de Crisis24 tient une veille sur les attitudes, événements et enjeux de par le monde qui pourrait affecter la sûreté des personnes LGBTQ. Pour en savoir plus au sujet de PRISM, contactez-nous.