Préparé par: Michael Susong, Sumedha Senanayake
On peut s’attendre chaque année à voir le paysage mondial du risque se transformer. Les risques engendrent de nouveaux risques, les crises s’ajoutent les unes aux autres, et notre monde ultra-connecté pousse les organisations à surveiller de près les événements internationaux et à anticiper comment leurs activités pourraient être affectées. La nature des risques de par le monde justifie non seulement de dresser des prévisions pour l’avenir mais aussi de revenir sur l’année 2022 de manière introspective, afin d’en tirer des leçons pour la gestion du risque.
La guerre en Ukraine, tête d’affiche des risques mondiaux en 2022
L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février fût l’événement déterminant de 2022, bien au-devant des autres risques mondiaux durant l’année. L’invasion en tant que telle était attendue, mais le conflit a pris une trajectoire inattendue dont les répercussions persistent encore aujourd’hui. Avec le soutien de l’Occident, l’Ukraine a opposé à la Russie une résistance qui a empêché cette dernière d’obtenir la victoire rapide qu’elle anticipait.
Les ramifications économiques et sécuritaires ont été très intenses et se sont révélées de manière imprévue. Par exemple, la production de blé, dont l’Ukraine et la Russie sont parmi les principaux exportateurs, a été grandement réduite par l’invasion russe, occasionnant des pénuries dans plusieurs nations d’Europe et d’Asie. Le manque de blé a engendré des hausses de prix stratosphériques sur des produits de base dont dépendent les citoyens du monde entier, comme par exemple le pain.
Un autre bien essentiel fortement frappé par l’inflation mondiale a été l’énergie. À l’approche de l’hiver, des inquiétudes persistent quant à la chute des exportations de gaz russe vers l’Europe et à ses conséquences sur les coûts des géants industriels comme l’Allemagne. Il est clair que les organisations qui ne parviennent pas à se montrer proactives cet hiver et au cours de 2023 s’exposent à des souffrances tant pour leurs marges que pour leurs employés.
L'éventuelle fin du conflit russo-ukrainien demeure incertaine, mais il est clair que ses répercussions économiques vont persister de par le monde, et doivent être prises en compte dans toute prévision des risques à venir.
La suite de la pandémie de COVID-19
La pandémie a continué de causer des dommages au cours de 2022, souvent de manière inattendue. La COVID-19 a affecté les voyages, les chaînes d’approvisionnement, les soins de santé, et l’économie mondiale, poussant les différents pays et organisations à s’adapter au fur et à mesure dans le but de contenir les répercussions.
Les infections régulières de travailleurs et les fermetures d’usine qui en découlaient ont provoqué des pénuries de personnel et des retards dans d’importants ports, avec des effets en cascade sur l’ensemble de l’économie mondiale.
La COVID-19 a également affecté la sécurité intérieure des pays selon la manière dont leur gouvernement gérait les vagues d’infections, les fermetures d’entreprises, et les tensions politiques.
La montée de l’extrémisme politique
L’attaque du capitole de Washington le 6 janvier 2021 a été un cas marquant d’extrémisme intérieur violent, et ce thème a résonné à divers degrés de par le monde au cours de 2022.
Le Brésil a tenu des élections sous tension, assombries par l’avertissement du président Jair Bolsonaro selon lequel il ne concéderait pas la défaite même si les votes ne se comptaient pas en sa faveur. L’atmosphère avant les élections a rappelé celle qui entourait les événements du 6 janvier aux États-Unis, faisant craindre des affrontements violents en cas de déni des résultats. Ces élections avaient été identifiées parmi les risques à prévoir en 2022. Mais M. Bolsonaro a finalement consenti à un transfert du pouvoir dans le calme, au bénéfice des diverses parties prenantes.
Pendant ce temps dans le golfe persique
Un élément positif dans le paysage mondial du risque en 2022 a été le réchauffement des relations entre Israël et ses voisins arabes, qui a permis de renforcer leurs échanges commerciaux et de faire davantage obstacle à l’Iran. Étant données les tensions historiques entre Israël et l’Iran, les divisions religieuses entre sunnites et chiites, et le fort potentiel économique, plusieurs forces sont en jeu pour assurer le succès de la détente. Le simple fait d’accorder une reconnaissance et d’entamer une coopération économique (quoique limitée) entre les différentes parties témoigne d’un profond changement entre Israël et les États arabes.
Bien que des progrès aient été réalisés cette année, il faudra encore du temps avant de voir la détente porter fruit. Néanmoins, ces progrès diplomatiques sont de bon augure pour le Moyen-Orient et la région du golfe persique, où les conditions de sécurité s’améliorent sensiblement.
La Chine et Taïwan
De façon plus préoccupante, l’expansion de l’influence de la Chine en Asie centrale et en Asie du Sud a constitué une menace importante au cours de 2022. Les tensions se sont intensifiées entre la Chine et les États-Unis suite à la visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et aux exercices militaires menés en réponse par la Chine autour de Taïwan.
Tel que prévu, la situation ne s’est pas aggravée au point d’entraîner une invasion comme celle lancée en Ukraine par la Russie. Cependant, l’intensification des tensions au cours de 2022 a été significative et pourrait connaître une escalade dans un avenir proche. L’influence accrue de la Chine va demeurer un point d’attention pour les prévisionnistes en raison de son importance mondiale aux plans du commerce et de la sécurité.
La préparation peut rapporter gros
Les risques survenus en 2022 correspondaient plus ou moins aux prévisions du début de l’année, mais la gravité de leurs répercussions pourrait avoir un impact inattendu au niveau international. Les répercussions des risques devraient être prises en compte dans toute prévision, qu’il s’agisse de risques économiques, géopolitiques, sociaux, ou autres en lien avec l’environnement commercial mondial. Les organisations qui mettent en œuvre des solutions dynamiques pour la gestion du risque seront les mieux positionnées pour faire face au paysage mondial du risque, et poursuivre leurs activités avec un minimum de perturbations.