ASIA SUMMARY
7 novembre, 2023
CORÉE DU NORD / CORÉE DU SUD Point de situation
FAITS
- Lundi 6 nov., les médias d'État nord-coréens rapportaient que la Corée du Nord (RPDC) disposait à présent de ‘’la force nucléaire la plus puissante au monde’’.
- Lundi 6 nov., selon le ministre sud-coréen de l’Unification, la RPDC semblerait avoir reçu une assistance technique russe pour le lancement – à venir - d'un satellite d'espionnage militaire.
- Dimanche 5 nov., le régime nord-coréen a officiellement désigné la date du 18 novembre "journée de l'industrie des missiles" pour célébrer le lancement réussi d'un missile balistique intercontinental (ICBM) Hwasong-17 le 18.11.2022.
- Vendredi 3 nov., selon le ministre sud-coréen de la Défense, le Nord pourrait avoir retardé sa 3e tentative de lancement d'un satellite espion afin de profiter d’une expertise russe en la matière. Pour le ministre, cette 3e tentative pourrait intervenir d’ici fin novembre. La veille, le fonctionnaire appelait la population à une préparation militaire accrue pour parer à toute provocation nord-coréenne ‘’visant à détourner l'attention nationale de la crise alimentaire du pays’’.
- Vendredi 3 nov., la RPDC a tancé les USA pour le tir (1er nov.) d'un missile intercontinental (ICBM) Minuteman III, promettant de répondre aux provocations ‘imprudentes’ par une ‘contre-action rapide, écrasante et décisive’.
ANALYSE
CORÉE DU NORD / USA
- Pour rappel, les pourparlers directs entre Washington et Pyongyang sont au point mort depuis 2019, dans la foulée d’une 2e rencontre entre Kim Jong-un (KJU) et D. Trump (alors chef de l’exécutif américain) organisée à Hanoi (Vietnam) qui se solda par un échec. La pandémie de COVID qui suivit, le total repli sur soi de la RPDC et sa frénésie d’essais balistiques et de provocations verbales en tous genres à l’adresse de Séoul, Washington et Tokyo ajoutèrent plus encore à l’inertie.
- En l'absence de dialogue avec les USA, la RPDC a inscrit dans sa Constitution le renforcement de ses capacités nucléaires, s’emploie à développer des armes nucléaires tactiques et à mettre en orbite un satellite militaire espion ; entre autres projets.
CORÉE DU SUD / USA
- En fin de semaine dernière, Pyongyang déclarait que la coopération militaire Corée du Sud - États-Unis - Japon entrait dans une "phase très dangereuse" susceptible de conduire la péninsule coréenne ‘’au bord d'une guerre nucléaire’’ (pour rappel, début oct., les 3 alliés avaient pour la 1ère fois depuis 2016, organisé un exercice trilatéral d'interdiction maritime dans les eaux situées au sud de la péninsule coréenne).
- Le 1er nov., les États-Unis ont procédé depuis la base spatiale de Vandenberg en Californie au tir d’un ICBM non armé, en présence d'une délégation sud-coréenne menée par le vice-ministre de la Défense ; une première depuis 2016.
PERSPECTIVE & RECOMMANDATIONS
- Après deux échecs intervenus plus tôt cette année (tentatives en mai puis en août), la dictature nord-coréenne serait a priori techniquement prête à ordonner une 3e tentative de mise en orbite de son 1er satellite d’observation militaire. Selon le ministère sud-coréen de la Défense, ce nouvel essai pourrait être programmé concomitamment avec la 1ère célébration du ‘’missile industry day’’, samedi 18 nov. 2023.
- Pour information, l'armée sud-coréenne procédera quant à elle le 30 novembre - depuis la base spatiale de Vandenberg en Californie - à la mise en orbite de son 1er satellite de reconnaissance militaire (avec un lanceur américain de SpaceX).
- Pour certains, la ‘’libération’’ le 27 sept. du soldat US T. King (lequel avait pénétré en juillet en RPDC) par le Nord augurait une possible volonté de Pyongyang de renouer des pourparlers avec les USA ; il n’en a a priori rien été jusqu’alors.
- Sauf revirement de circonstance (toujours possible sans préavis avec Pyongyang), la tension entre la RPDC et l’axe Washington-Séoul devrait à court terme perdurer, dans la foulée du long séjour russe du dictateur nord-coréen et de sa probable déclinaison militaire (cf. munitions nord-coréennes aux troupes russes en Ukraine contre une aide alimentaire et des transferts de technologie sensible) ; sauf surprise (qui serait toutefois bienvenue), le dialogue Nord-Sud ainsi qu’entre Pyongyang et Washington, au point mort littéralement depuis 2019, ne devrait pas à court terme sortir de sa torpeur.
- On ne saurait à court terme se montrer surpris par une énième défiance de la RPDC, qu’elle soit de nature balistique, conventionnelle (cf. incident maritime près de la NLL contestée), ou autre (cf. un 7e test nucléaire, le 1er depuis 2017).
- Pour les personnes et entreprises présentes en Asie de l'Est (CORÉE du SUD, JAPON, TAÏWAN), il est suggéré de suivre ces prochains jours -sans s'alarmer outre mesure- les événements, postures rhétoriques et autres crâneries du Nord.
- Pour rappel, les voyages en RPDC sont formellement déconseillés par l'ensemble des gouvernements occidentaux.
Auteur(e)(s)
Dr Olivier Guillard
Directeur du renseignement
Olivier Guillard dirige une équipe d'analystes du renseignement, effectue des missions sur le terrain et dispense des formations aux clients. Olivier a rejoint l'équipe de Crisis24 en 2002. Il est...
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