Les États-Unis ont annoncé qu’ils réduiraient leurs effectifs militaires d’ici la mi-janvier, ce qui pourrait entraîner une recrudescence de la violence partout en Afghanistan dans les mois à venir. Washington compte retirer environ 2 000 soldats d’ici le 15 janvier, ce qui ne laissera que 2 500 hommes dans le pays pour les opérations antiterroristes. Cette annonce intervient dans le cadre des négociations en cours entre les talibans et le gouvernement afghan depuis l’accord de paix conclu en février entre les États-Unis et les talibans. Cet accord prévoyait un retrait progressif des États-Unis jusqu’en mai 2021, en échange d’un cessez-le-feu et de négociations entre les talibans et le gouvernement afghan. Cependant, les pourparlers sont au point mort en raison d’une recrudescence de la violence qui devrait continuer à menacer la stabilité du gouvernement en place dans les mois à venir.
Si le retrait a lieu comme prévu, les forces américaines cesseront d’offrir entraînement et assistance au personnel de sécurité afghan, ce qui pourrait amener les forces talibanes à devenir dominantes dans le conflit. La fermeture des bases militaires américaines, qui a lieu depuis la signature de l’accord de paix, aura des répercussions négatives supplémentaires sur les opérations antiterroristes dans tout le pays. L’affaiblissement des capacités militaires du gouvernement, ainsi que le retrait éventuel des soldats de l’OTAN dans les prochains mois, ne feront qu’enhardir davantage les talibans. Ces développements renforceront sans doute la position des talibans dans les négociations en cours avec Kaboul. Les dirigeants talibans sont susceptibles de demander des concessions de manière agressive, ce qui risque de faire dérailler les pourparlers de paix intra-afghans et tout accord de cessez-le-feu.
Dans les prochains mois, en raison de la réduction du soutien militaire des États-Unis, les forces afghanes auront plus de mal à contenir les actions des talibans, qui ont déjà la capacité d’opérer dans tout le pays et sont responsables d’attaques dans au moins 70 % des provinces afghanes ces dernières semaines. Les talibans et d’autres groupes militants cibleront sans doute les infrastructures énergétiques au cours des prochains mois, ce qui entraînera des coupures de courant dans les provinces touchées. Les militants pourraient également planifier des attaques dans les centres urbains, tels que Jalalabad, Kandahar, et la capitale, Kaboul, où les assaillants pourraient s’attaquer aux installations gouvernementales et faire usage d’explosifs. Les attaques peuvent également avoir un impact sur le transport de personnel et de marchandises, en particulier dans les zones attaquées ou contrôlées par les Talibans, en raison du risque accru de fermeture des routes, d’extorsion et d’autres crimes violents.
Dans le passé, le président élu Joe Biden s’est montré favorable au maintien d’une petite force américaine en Afghanistan à des fins de lutte contre le terrorisme. M. Biden, qui prendra ses fonctions cinq jours après la fin du retrait, maintiendra probablement une présence américaine en Afghanistan tout en essayant de faciliter le succès des pourparlers intra-afghans. Si la violence dans le pays se poursuit ou s’intensifie, les interventions de Washington pourraient s’étendre du versement de fonds supplémentaires au gouvernement afghan au déploiement de soldats en renfort dans le pays, bien que cette dernière option soit moins probable. Quoi qu’il en soit, une présence prolongée des États-Unis dans le pays risque d’engendrer des violences militantes à court et moyen terme, puisque les talibans s’attendent à ce que les États-Unis se soient complètement retirés d’ici le mois de mai.
Auteur(e)(s)
Jared Silber
Analyste du centre de renseignement de protection
Jared Silber est un analyste régional basé en Afrique du Sud, spécialisé dans la région Asie-Pacifique. Il s'est joint à WorldAware en 2018 avant son acquisition par Crisis24 et est titulaire de...
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