Un différend autour d'élections a mené à l'encerclement de Bangui par des forces rebelles.
La menace sécuritaire en République centrafricaine va demeurer élevée dans les prochains mois suite à des épisodes de violence accrue en décembre 2020 et janvier 2021. Le pays est aux prises avec l'instabilité et l'insécurité depuis 2013, mais les récentes violences et l'exacerbation des tensions politiques sont dûes à la rupture des relations entre le gouvernement, les partis d'opposition, et le groupe rebelle Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Des combats sont rapportés partout au pays, et des centaines de milliers de citoyens en sont affectés. La capitale, Bangui, est en état de siège depuis son encerclement par la CPC, et l'état d'urgence a été décrété au niveau national.
Les relations entre les opposants politiques et la CPC restent floues ; cependant, les autorités ont accusé l'ancien président François Bozizé de s'être allié au groupe rebelle dans l'intention de retourner aux commandes du pouvoir. Lui-même auteur d'un coup d'État, M. Bozizé avait été renversé en 2013 par le groupe rebelle Seleka. L'actuelle coalition rebelle comprend à la fois des anciens combattants des Seleka et des Anti-Balaka, deux groupes qui étaient opposés à l'époque. L'historique d'animosité entre ces groupes rend incertaines les conséquences d'une victoire de la CPC. À mesure que le conflit tourne à l'impasse autour de Bangui, les actions du groupe armé vont permettre d'élucider ses intentions. De nouvelles tentatives d'attaques sur la ville viendraient confirmer sa détermination à renverser le président récemment réélu, Faustin-Archange Touadéra. Des appels au dialogue, à une intervention étrangère ou à un allégement du blocus indiqueraient une volonté d'obtenir des concessions du gouvernement central par la négociation.
Les forces de sécurité nationales sont actuellement incapables de contrer la menace rebelle ou de rompre le blocus sans assistance extérieure. Cependant, l'aide étrangère pourrait dépendre d'éventuelles tentatives d'attaque renouvelées de la part du CPC. La ville est l'une des dernières zones encore sous contrôle gouvernemental, et elle est défendue par un ensemble de forces de sécurité incluant celles de la République centrafricaine et celles de l'ONU, de la Russie et du Rwanda. Des avions militaires français ont aussi été repérés dans les zones sous contrôle rebelle. Ces groupes sont motivés par des intérêts variés et parfois imprécis, mais ils ne semblent clairement pas prêts à s'engager dans une campagne de longue haleine contre les rebelles à l'intérieur du pays. Leur objectif principal sera de sécuriser la capitale et de briser le siège pour laisser passer l'aide et les ressources devenues indispensables.
Le président Touadéra va certainement continuer de plaider pour une résolution pacifique à la crise actuelle, étant donnée la précarité de sa position. Il pourrait tenter un rapprochement avec ses opposants politiques afin d'éviter des questionnements sur sa légitimité. Cela le forcerait à offrir des postes élevés à ses détracteurs actuels, et à présenter la garantie d'un avenir plus sûr sous sa présidence que sous un gouvernement mené par les rebelles. Cependant, cette approche ne débouchera pas pour autant sur une fin du conflit à court terme.