Des troubles en cours dans les provinces de Gauteng et KwaZulu Natal ont causé des dommages importants aux infrastructures et commerces.
Les troubles provoqués par l'emprisonnement de l'ancien président Jacob Zuma ont plongé plusieurs provinces dans la confusion.
Les tensions ont escaladé et dégénéré en violence dans plusieurs provinces d'Afrique du Sud en réaction à l'emprisonnement de l'ancien président Jacob Zuma le 9 juillet suite à sa condamnation pour outrage au tribunal. Entre le 9 et le 15 juillet, des manifestations en soutien à M. Zuma ont tourné à la violence sur fond d'inquiétudes économiques.
Des pillages ont été rapportés dans un contexte d'épuisement économique, avec un taux de chômage record de 32,6 %; les effets négatifs de la pandémie de COVID-19; les conséquences de la troisième vague d'infections en cours et des mesures de restrictions qui en ont découlé; et divers enjeux sociaux propres au pays dont les inégalités. Le 12 juillet, l'armée sud-africaine a été déployée dans les provinces de Gauteng et de KwaZulu-Natal (KZN) afin de contenir la violence. Des scènes de pillages, de conflits avec les forces de sécurité et d'arrestations ont été observées dans de nombreuses villes des deux provinces. En date du 15 juillet, au moins 72 personnes ont été tuées et plus de 1234 ont été arrêtées.
Les pillages de Gauteng et de KZN ont causé des pertes dans les milliards de rands
Des partisans pro-Zuma ont manifesté dans les provinces de Gauteng et de KNZ pour obtenir la libération de l'ancien président. Des centres commerciaux et des commerces ont été pillés, et beaucoup ont été incendiés et détruits, causant des pertes d'environ 2 milliards de rands. Bien que les manifestations soient un phénomène relativement fréquent en Afrique du Sud, ces derniers troubles sont sans précédent. Ces manifestations ont été significativement plus violentes, avec des pillages étendus au-delà des épiceries dans des entreprises telles que des usines chimiques ou des manufactures de pneus. Les groupes majoritairement composés de partisans pro-Zuma ont été à l'avant-plan des manifestations. Il a récemment été rapporté que les manifestations ont pris un tour xénophobe en prenant pour cible la communauté indienne de KZN.
Les manifestations et les pillages sont très désorganisés, ce qui révèle la nature opportuniste de ces événements et souligne la difficulté pour la police et les autorités militaires de les contenir. Dans certaines zones de Durban, des Blancs armés ont formé de petits groupes d'autodéfense et bloqué les entrées et sorties de leurs quartiers pour en prendre le contrôle. Des citoyens indiens ont aussi pris le contrôle de leurs quartiers avec des tactiques similaires. À Soweto, des représentants des communautés locales se sont réunis pour former une ligne de défense. Des barrages ont été dressés sur plusieurs routes primaires et secondaires, et surtout le lien principal entre Johannesburg et Durban, l'autoroute N3. Il s'agit d'une voie essentielle qui relie Durban, le plus grand port de l'Afrique subsaharienne, au carrefour économique qu'est Johannesburg. Cela a affecté de manière significative la distribution des biens de base. Des pénuries de carburant généralisées demeurent possibles dans les prochains jours car les troubles de KZN ont poussé la plus grande rafinerie d'Afrique du Sud, SAPREF, à interrompre ses opérations le 13 juillet; cette rafinerie compte pour 30 % des réserves de pétrole du pays. Des pénuries dans l'approvisionnement ont été rapportées à Richards Bay.
Stratégie du gouvernement pour atténuer l'agitation
Le président Cyril Ramaphosa s'est adressé à la nation le 12 juillet pour condamner l'agitation, puis a envoyé les Forces armées sud-africaines (SADF) à Gauteng et à KZN pour stabiliser la situation. Des partis politiques ont critiqué son discours en disant que le président n'avait présenté aucun plan d'action décisif, et que de toutes façons, il aurait dû réagir dès le début des manifestations. Une tactique déjà employée par le gouvernement dans le passé pour gérer les troubles est de rencontrer les organisateurs des manifestations; mais parce qu'il n'y a aucun groupe ou comité central derrière l'agitation, il n'y a pas eu de telle tentative.
Bien que la présence de l'armée dans les rues ait sûrement aidé à gérer les manifestations, le crédit revient largement aux résidents locaux qui protègent les ressources restantes et s'élèvent contre les pillages. Les locaux ont aussi exprimé leur mécontentement après le discours du président, arguant que les autorités auraient dû déclarer l'état d'urgence dans ces provinces, avec un couvre-feu resserré en plus des couvre-feu en vigueur en raison de la COVID-19. Si l'agitation se poursuit dans les provinces de Gauteng et de KZN, il est probable que l'état d'urgence soit déclaré et que les troupes des SADF soient renforcées.
Perspectives à court terme pour les conditions opérationnelles
Le procès de Jacob Zuma pour outrage au tribunal a été renvoyé à une date ultérieure devant la Cour Constitutionnelle; cependant, M. Zuma restera probablement en prison jusqu'à son jugement. Bien que son emprisonnement ait donné lieu à des manifestations et des troubles, une révocation du jugement ne parviendrait sans doute pas à calmer la violence. Les manifestants demandent des actes concrets et des réformes politiques pour résoudre les disparités socio-économiques, le chômage, et la médiocrité des services publics.
Des épisodes d'agitation vont vraisemblablement continuer de se produire dans les provinces de Gauteng et de KZN, quand les manifestants trouveront des endroits où la présence policière est faible. Bien que les autres provinces n'ont pas été touchées par ces manifestations, leur élargissement à Eastern Cape, Western Cape et d'autres provinces ne peut être exclu.
Alertes de renseignement connexes
Critique | 15 Jul 2021 | 06:41 AM UTC | South Africa: Shortages reported in KwaZulu-Natal province following widespread unrest as of morning hours July 15 /update 6
Critique | 14 Jul 2021 | 08:03 AM UTC | South Africa: Limited reports of widespread looting in Gauteng and KwaZulu-Natal provinces as of morning of July 14 /update 5
Critique | 13 Jul 2021 | 05:58 PM UTC | South Africa: SAPREF refinery shuts down amid ongoing unrest in parts of KwaZulu-Natal and Gauteng provinces as of July 13 /update 4
Pour accéder aux alertes de sécurité et rapports nationaux de Crisis24, inscrivez-vous ici.