Les forces de sécurité ont opté pour une forme de répression sans compromis, et font usage de la force pour disperser les manifestants, parfois de façon mortelle.
Au Kazakhstan, les manifestations et leur répression vont probablement perdurer jusqu'à la mi-janvier dans la foulée des récents épisodes de violence.
Les mesures de sécurité musclées et les manifestations sporadiques devraient causer des perturbations au Kazakhstan dans la foulée des récents épisodes de violence, initialement dus au retrait par le gouvernement le 2 janvier d'un plafond sur les prix des carburants. Les manifestations ont dégénéré en une vaste campagne de violence anti-gouvernementale qui a pris de court les forces de l'ordre dans plusieurs villes.
Le président Toqayev a par la suite mis en œuvre des mesures musclées pour réprimer les manifestations, a déclaré l'état d'urgence, et a réclamé l'assistance de pays alliés quand ses concessions n'ont pas suffi à calmer les manifestants. Les forces de sécurité ont désormais repris le contrôle de la majeure partie du territoire et l'agitation s'est atténuée. Les manifestations sporadiques posent encore un risque pour quiconque se trouve à proximité, mais les plus importantes perturbations proviennent des mesures de sécurité renforcées à l'échelle du pays pour mettre fin aux troubles civils.
Des manifestations ont d'abord éclaté à Zhanaozen le 2 janvier en réaction à une hausse marquée du coût des carburants, suite à la décision du gouvernement de déplafonner le prix du gaz naturel liquéfié (GNL), une importante source d'énergie au Kazakhstan. Les manifestations se sont ensuite étendues aux autres villes du pays à partir du 4 janvier, et les revendications se sont élargies pour inclure des enjeux sociaux comme la corruption gouvernementale, les bas salaires, et le chômage. Les manifestations ont tourné à la violence dans plusieurs villes, quand des activistes ont tenté de pénétrer de force dans les bâtiments des gouvernements de région, ont causé des dommages à la propriété, et ont confronté la police anti-émeutes, faisant des morts de part et d'autre.
C'est à Almaty que la violence a atteint son comble, alors que des milliers de manifestants ont pénétré dans deux bâtiments gouvernementaux, incluant le palais présidentiel de la ville, et les ont mis en feu; certains activistes ont saisi des armes dans des établissements policiers. Les villes d'Aktau, Aktobe, Atyrau, Kostanay, Oral, Shymkent, Taldykorgan, Taraz, et Zhanaozen ont aussi été affectées. L'aéroport international d'Almaty (ALA) et celui d'Aktau (SCO) ont tous deux été forcés d'interrompre leurs activités en conséquence de l'agitation, et plusieurs compagnies aériennes ont annulé des vols au Kazakhstan.
M. Toqayev a d'abord offert plusieurs concessions dans le but de calmer les manifestants. Le plafond sur le prix du GNL a été temporairement réinstauré, le gouvernement a démissionné, et l'ancien président Nursultan Nazarbayev a été démis de ses fonctions de chef du Conseil de sécurité national, mais ces mesures n'ont pas convaincu les manifestants.
Les autorités ont également imposé l'état d'urgence partout au pays, au moins jusqu'au 19 janvier, incluant un couvre-feu nocturne de 23h à 7h et des restrictions concernant les déplacements et les rassemblements de masse, ainsi que des interruptions de service dans les télécommunications à l'échelle du pays. M. Toqayev a aussi requis l'assistance de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire internationale entre six anciens États soviétiques, dont les membres ont envoyé des troupes le 6 janvier en appui aux efforts de maintien de l'ordre des forces de sécurité kazaches
Les succès initiaux des manifestants ont été rendus possibles parce que les autorités n'ont pas anticipé la violence et le niveau de participation à l'agitation, et la police s'est trouvée débordée à de nombreux endroits. Les forces de sécurité se sont depuis réorganisées, appuyées par la prise de contrôle par M. Toqayev du Conseil de sécurité et le soutien des états membres de l'OTSC, et ont entrepris des contre-offensives dans la plupart de ces zones.
Les autorités effectuent d'importants déploiements de forces de sécurité pour faire appliquer les restrictions établies par l'état d'urgence, et pour disperser tous les rassemblements non autorisés, par la force mortelle si nécessaire. Une opération de sécurité a tué des dizaines de manifestants le 6 janvier à Almata. M. Toqayev a déclaré que l'ordre était rétabli à partir du 7 janvier.
Bien que des manifestations violentes puissent se produire sporadiquement dans les prochains jours, l'agitation devrait reculer à mesure que le dispositif de sécurité se renforce et s'organise. Les manifestants ne sont pas unis derrière une personnalité ou un mouvement politique, ce qui les empêche de se coordonner et de maintenir l'agitation en vue d'un but spécifique.
D'autres mouvements récents qui n'avaient pas de dirigeants ont pu persister sous l'effet de l'activisme populaire et de l'usage des médias sociaux, comme les Gilets Jaunes en France. Mais la capacité qu'a M. Toqayev d'interrompre les services de télécommunications empêche ce type d'organisation au Kazakhstan. En conséquence, il est probable que les manifestations vont se calmer avec le temps et l'usure, et sous l'effet de la répression sans compromis des forces de sécurité.
À court terme, toute activité des manifestants ou contre-opération des forces de sécurité va poser un risque immédiat à quiconque se trouve à proximité; de simples passants risquent d'être impliqués dans des détentions de masse. L'état d'urgence doit expirer le 19 janvier, après quoi des mesures comme les couvre-feux et les restrictions dans les déplacements seront probablement levées; il est cependant très probable que des mesures de sécurité rigoureuses demeurent en place après cette date. Les perturbations dans les activités d'affaires et les déplacements, ainsi que les interruptions de services de télécommunications, devraient donc se poursuivre dans les prochaines semaines.
Alertes de renseignement connexes :
Critical | 06 Jan 2022 | 12:59 PM UTC | Kazakhstan: Further unrest, extremely tight security likely nationwide through at least mid-January following recent violent protests
Critical | 06 Jan 2022 | 11:57 AM UTC | Kazakhstan: Civil unrest reportedly forces closure of Almaty (ALA) and Aktau (SCO) airports Jan. 5
Critical | 05 Jan 2022 | 06:03 PM UTC | Kazakhstan: Authorities declare nationwide state of emergency effective until at least Jan. 19 following widespread protests, clashes
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