La prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans a jeté le doute sur l'avenir des vols internationaux à destination ou au départ du pays. Bien que les forces américaines et alliées aient repris le contrôle de l'aéroport international Hamid Karzai de Kaboul (KBL) et permis des vols d'évacuation après les scènes de chaos du 16 août, les transporteurs aériens ont suspendu tous leurs vols réguliers en direction du pays, et il est difficile de dire quand ils seront en mesure de les reprendre.
Les principaux facteurs de complications incluent les enjeux de sécurité à l'aéroport, l'écroulement des institutions du gouvernement afghan sortant, et l'association historique des talibans avec le terrorisme aérien. Les résultats potentiels pour l'aviation commerciale en Afghanistan vont d'une reprise de presque tous les vols d'ici un mois à une interruption à long terme de presque tous les vols à destination ou au départ du pays.
Vols d'évacuation
En date du 18 août, les seuls vols qui entrent ou sortent de l'Afghanistan sont des vols d'évacuation. Les forces américaines et alliées contrôlent l'aéroport KBL incluant les le contrôle du trafic aérien. Les talibans n'interfèrent pas pour le moment avec les opérations de l'aéroport. Il est difficile de dire pour combien de temps les vols d'évacuation et le contrôle américain de l'aéroport KBL vont se poursuivre.
La situation actuelle à KBL est relativement ordonnée, car les Américains et leurs alliés gardent le contrôle de l'aéroport et les vols d'évacuation se poursuivent régulièrement. Les responsables avaient suspendu les vols d'évacuation le 16 août après que les autorités afghanes aient abandonné le terminal civil de KBL et permis à des foules importantes d'envahir le tarmac de l'aéroport, mais les forces militaires ont depuis rétabli l'ordre et permis aux vols de reprendre.
La plupart des pays visent à évacuer leurs ressortissants ainsi que les Afghans qui ont travaillé avec les forces de l'OTAN durant la guerre, et les individus qui souhaitent évacuer sur ces vols doivent communiquer avec leur mission diplomatique. La sécurité à l'aéroport et aux alentours demeure instable, et il est déconseillé de tenter de se rendre à l'aéroport à moins qu'un vol de départ soit confirmé.
Les Américains et leurs alliés n'ont pas précisé pour combien de temps ils comptaient poursuivre les vols d'évacuation et maintenir leur contrôle de l'aéroport KBL. Le délai du départ final des Américains avait été fixé au 31 août, mais cette date n'est sans doute plus pertinente dans leurs plans.
Les États-Unis ont rapporté avoir obtenu le 16 août de la part des talibans l'assurance qu'ils n'interfèreraient pas avec les opérations d'évacuation, et en date du 18 août, les talibans ne perturbent généralement pas les opérations à l'aéroport, même si quelques affrontements armés ont eu lieu sporadiquement. On ne sait pas exactement combien de temps les talibans vont laisser les vols d'évacuation se poursuivre.
Toute tentative des talibans de prendre le contrôle de KBL ou de perturber la circulation des évacués vers l'aéroport pourrait nuire fortement à l'évacuation et même y mettre fin. Les États-Unis ont menacé les talibans de représailles si ces derniers devaient perturber les opérations d'évacuation.
Reprise des vols commerciaux
Tous les vols commerciaux vers l'Afghanistan ont été suspendus depuis que les talibans ont pris le contrôle du pays, et il est difficile de dire quand les vols commerciaux réguliers à destination ou au départ de l'Afghanistan pourront reprendre. Bien qu'un important transporteur ait repris la vente de billets pour des vols au départ de Kaboul à partir du 21 août, il n'y a aucune garantie que ces vols pourront opérer, considérant les défis logistiques, sécuritaires et légaux qui doivent être résolus avant que les vols ne puissent reprendre. Le facteur principal qui déterminera la reprise des vols commerciaux au départ de l'Afghanistan sera l'attitude des talibans envers l'aviation commerciale.
Air India (AI) vend actuellement des billets pour des vols quotidiens de Kaboul à Delhi à partir du 21 août. Pakistan International Airlines (PK) vend aussi des billets pour des vols au départ de Kaboul à partir du 2 septembre. Bien que la vente de billets soit un indicateur solide qu'un transporteur a l'intention d'opérer des vols, elle n'offre aucune garantie que ces vols pourront avoir lieu, car le transporteur peut les annuler à brève échéance. Le statut de ces vols dépendra de la sécurité à Kaboul et de la situation réglementaire de l'aviation commerciale en Afghanistan.
La reprise des vols commerciaux au départ de Kaboul nécessitera un niveau de sécurité de base dans le terminal civil de l'aéroport KBL. Tous les passagers devront passer par les contrôles de sécurité normaux, et les passagers contrôlés devront être séparés de ceux qui ne l'ont pas été. On ne sait pas exactement qui va assurer ces fonctions, surtout après que le départ des Américains et de leurs alliés.
Les principaux transporteurs aériens et les gouvernements étrangers risquent de ne pas faire confiance à la capacité des talibans d'assurer eux-mêmes les contrôles de sécurité, et tout contractant privé devra opérer avec la permission des talibans. Les talibans devront également sécuriser adéquatement l'aéroport après le départ des Américains et de les aliés.
Tous les vols passant par l'espace aérien afghan devront opérer à court terme sans services de contrôle du trafic aérien. Le système afghan a cessé d'opérer quand les talibans ont pris Kaboul, et à l'heure actuelle, le seul système de contrôle du trafic aérien fonctionnel dans le pays est celui opéré par les Américains pour leurs évacuations à l'aéroport KBL.
Les avions commerciaux peuvent encore voler dans l'espace aérien afghan, mais ils devront se tenir à distance des autres appareils sans l'aide du contrôle du trafic aérien. La plupart des transporteurs contournent actuellement l'espace aérien afghan. United Airlines (UA) continue d'opérer ses vols entre les États-Unis et l'Inde en emprutant une petite portion de l'espace aérien afghan.
L'avenir à long terme
L'avenir à long terme pour l'aviation commerciale en Afghanistan est très incertain. Les scénarios possibles vont d'une reprise de presque tous les vols commerciaux d'ici un mois à une interruption presque totale de l'aviation commerciale dans le pays pendant plusieurs années. La disponibilité des vols à destination et au départ du pays dépendra de la volonté des talibans de maintenir les liaisons aériennes internationales du pays, et de la reconnaissance des institutions talibanes par la communauté internationale de l'aviation.
Un facteur important pour l'avenir de l'aviation commerciale en Afghanistan est le statut de l'autorité de l'aviation civile (AAC). Pour que les vols internationaux puissent reprendre, le gouvernement taliban devra confier à une institution les fonctions de l'AAC, incluant l'octroi des licences et l'enregistrement des transporteurs, les services aéroportuaires et de contrôle du trafic aérien, et l'établissement d'ententes avec les autres pays pour permettre les vols internationaux.
Pour les talibans, la façon la plus facile d'y parvenir sera de ressusciter l'AAC afghane mise en place par le gouvernement sortant. Le maintien de l'AAC pourrait donner à l'Afghanistan une certaine continuité réglementaire, incluant la continuation de ses accords de service aérien avec les autres pays, ce qui permettrait aux transporteurs étrangers de reprendre leurs opérations en Afghanistan une fois la sécurité rétablie. Les comptes de l'AAC afghane dans les médias sociaux semblent indiquer que l'institution tente de reprendre ses opérations, mais on ne sait pas exactement si cela fait partie des plans des talibans pour l'avenir du pays.
Les transporteurs afghans font face à un avenir difficile sous les talibans. Les deux principaux dans le pays, l'entreprise privée Kam Air (RQ) et la société d'État Ariana Afghan Airlines (FG), ont suspendu leurs opérations et n'ont pas encore annoncé de plan pour les reprendre.
Kam Air a indiqué qu'elle comptait reprendre ses opérations et qu'elle comptait au moins un appareil en état de naviguer situé hors de l'Afghanistan, mais elle dépend lourdement d'équipages et autres employés étrangers, dont beaucoup ont fui l'Afghanistan quand les talibans ont pris le pouvoir. Le statut de société d'État d'Ariana en fait logiquement le transporteur des talibans; mais on ne sait pas si ces derniers sont intéressés ou possèdent l'expertise pour diriger une compagnie aérienne.
Les entreprises et les individus doivent considérer la possibilité que l'aviation commerciale normale ne reprendra pas en Afghanistan avant plusieurs années. Les vols internationaux avaient cessé durant le dernier passage des talibans au pouvoir, en raison de conflits armés, de sanctions internationales, et d'un manque d'intérêt des talibans à maintenir des vols internationaux.
Les organisations et régulateurs internationaux pourraient refuser de reconnaître ou de coopérer avec des institutions de l'aviation civile dirigées par les talibans, en raison de l'association historique du groupe avec le terrorisme aérien et aussi de possibles sanctions futures. Bien que le maintien de liaisons aériennes internationales ne nécessite pas de gouvernement particulièrement compétent ni de relations amicales avec le monde extérieur, il exige néanmoins un minimum d'effort et de coopération au niveau international, et il n'est pas certain que les talibans fassent ces efforts ni ne cherchent cette coopération.
Alertes de renseignement connexes
Critical | 18 Aug 2021 | 11:53 AM UTC | Afghanistan: Taliban forces maintaining checkpoints on roadways near Kabul Airport as of Aug. 18
Critical | 17 Aug 2021 | 09:21 AM UTC | Afghanistan: Evacuation flights resume at Hamid Karzai International Airport in Kabul as of Aug. 1
Critical | 16 Aug 2021 | 05:03 AM UTC | Afghanistan: Civil aviation authority officials report Kabul airport's closure, handover of airspace control to military Aug. 16
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