Le 17 août 2021, Reuters rapportait qu'un groupe « d'inconnus armés » a pris pour cible un convoi d'autocars transportant des employés d'une société pétrolière nigériane – qui sous-traite pour la Shell Petroleum Development Company of Nigeria (SPDC) – sur les lieux du projet Assa North Gas à Ohaji, dans l'État d'Imo. L'attentat a fait un mort parmi les policiers et six parmi les employés de la société.
L'identité des attaquants reste à confirmer, mais si l'on se fie au mode opératoire et à l'emplacement, les coupables sont probablement des membres du groupe séparatiste Peuple indigène du Biafra (IPOB), qui a intensifié ses activités militantes dans Imo et dans l'ensemble du Sud-Est en 2021. L'IPOB et son bras armé, le Réseau de sécurité de l'Est (ESN), tous deux catégorisés comme terroristes par le gouvernement nigérian, forment un groupe à prédominance igbo qui vise à établir une nation indépendante, le Biafra, au Sud-Est du Nigérian – un projet qui remonte à la guerre civile du Nigéria (1967-1970).
Depuis la fin 2020, l'ESN a lancé plusieurs attaques de petite à moyenne échelle contre des installations de sécurité du gouvernement et des établissements correctionnels, incluant bon nombre d'incidents visant des postes de police et des agents en service.
Recrudescence des attaques de militants du ESN
La fréquence des opérations du groupe s'est accrue depuis janvier 2021, et des sources gouvernementales affirment que les militants du ESN ont tué au moins 127 membres des forces de sécurité et ont attaqué plus de 20 postes de police depuis le début de l'année. Leur campagne inclut une attaque complexe contre une prison à Owerri, durant laquelle des membres de l'ESN ont utilisé des fusils d'assaut automatiques, des lance-roquettes, et des engins explosifs improvisés pour se frayer un chemin dans le bloc de l'administration et obtenir l'accès à la cour de la prison.
Suite à un échange de coups de feu prolongé avec les gardes, environ 1850 détenus ont été libérés. Les attaquants ont également pris pour cibles plusieurs bâtiments du gouvernement à Owerri, incluant le siège social de la police nationale à Imo.
Les interventions policières et militaires risques de radicaliser encore davantage le mouvement
La police et l'armée du Nigéria ont fait un usage substantiel de la force dans leurs tentatives de réprimer les activités de l'IPOB et de l'ESN dans le Sud-Est, et des observateurs internationaux ont commenté que ce facteur risquait de radicaliser encore davantage le mouvement. Le 5 août, Amnesty International a condamné les tactiques « brutales » de la police, qui ont mené au décès de 115 personnes et à l'arrestation de 500 autres dans les quatre derniers mois – parmi lesquelles beaucoup n'auraient aucun lien vérifiable avec le groupe.
Les attaques contre les sociétés pétrolières internationales risquent de se poursuivre à long terme
Bien que l'IPOB et l'ESN aient commis peu d'attaques contre des installations pétrolières et leurs employés aient été rares jusqu'ici, des dizaines d'attaques comparables ont été perpétrées par des groupes semblables au Sud-Est du Nigéria au cours de la dernière décennie, particulièrement lorsque les forces de sécurité de l'État offraient leur soutien aux projets associés. Il est à noter que l'attaque du 17 août contre le convoi de véhicules s'est produite le même jour où le président Muhammadu Buhari adoptait une nouvelle loi sur l'énergie offrant aux sociétés pétrolières internationales (SPI) un encadrement plus structuré pour investir et opérer dans la région, ce qui a sans doute motivé les actes des militants.
De tels incidents sont susceptibles de se répéter à long terme, et une escalade est à prévoir dans les semaines et les jours précédant le procès (dont la date n'est pas déterminée) du chef controversé de l'IPOB, Nnamdi Kanu, actuellement détenu à Abuja. L'IPOB et l'ESN ont accusé le gouvernement d'avoir enlevé M. Kanu au Kenya et de l'avoir ramené de force au Nigéria à la fin juin. En conséquence, Crisis24 prévoit un niveau de risque élevé pour les SPI opérant dans la région, et particulièrement pour les employés qui se déplacent avec une présence policière visible et restreinte.
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