Les talibans ont pris le contrôle de l'Afghanistan le 15 août après être entrés dans Kaboul. Cette victoire fait suite à des gains rapides des talibans dans les dernières semaines, incluant la prise de 26 capitales provinciales depuis le 6 août. Les combattants talibans sont arrivés aux abords de la capitale dans la soirée du 14 août, puis ont pénétré dans la ville dans le but allégué de maintenir l'ordre après que les policiers et autres forces de sécurité ont abandonné leurs postes.
L'ancien président Ashraf Ghani a fui l'Afghanistan, et les talibans revendiquent le contrôle total des organes gouvernementaux au niveau national. Le groupe compte renommer le pays Émirat islamique d'Afghanistan, comme il se nommait durant leur précédent passage au pouvoir entre 1996 et 2001.
Les talibans contrôlent tous les postes frontaliers, ce qui fait de l'aéroport international Hamid Karzai de Kaboul (KBL) l'unique point de sortie du pays. La chute rapide de Kaboul a causé une situation chaotique dans la ville alors que les gouvernements et ressortissants étrangers tentent de quitter le pays. La présence des talibans continue de s'intensifier, incluant des sentinelles à des points clés de la capitale.
La congestion du trafic est importante, particulièrement sur les routes menant à KBL, bien qu'il ait été rapporté que les talibans se chargent de contrôler les foules. Des milliers de civils se sont rassemblés à l'aéroport dans le but d'embarquer sur des avions en partance. Des tirs d'armes à feu ont été rapportés mais leur origine est imprécise.
Des violences demeurent possibles dans la portion civile de KBL et dans la zone entourant l'aéroport dans les prochains jours, alors que les gens tentent de fuir la ville. Les États-Unis et d'autres gouvernements ont demandé aux civils de rester où ils sont et de ne pas se rendre à KBL à moins que des responsables aient directement confirmé leur embarquement sur un vol.
La plupart des missions diplomatiques occidentales se sont réfugiées dans la portion de KBL contrôlée par l'armée américaine, où les États-Unis ont déployé 6 000 soldats pour protéger et évacuer leur personnel. Plusieurs gouvernements évacuent leurs employés, leurs ressortissants, et des Afghans qui les ont assisté durant la guerre. L'autorité afghane de l'aviation civile a fermé la portion civile de KBL le 16 août, bien que les données aériennes indiquent que certains avions commerciaux, nolisés ou organisés par les gouvernements, ont pu décoller.
La plupart des vols en partance ont lieu sur des avions militaires dans la portion de KBL contrôlée par l'armée américaine. Les dirigeants talibans ont déclaré qu'ils n'interfèreraient pas dans l'évacuation du personnel. Les opérations d'évacuation doivent se poursuivre pendant plusieurs jours. Les vols pourraient être perturbés de façon intermittente, car des civils ont précédemment tenté d'embarquer dans des avions et ont envahi les pistes. Plusieurs transporteurs aériens ont annoncé qu'ils contourneraient l'espace aérien afghan jusqu'à nouvel ordre.
Perspectives à court terme
À court terme, les talibans vont tenter de neutraliser toutes les poches de résistance et de consolider leur emprise sur le pays. L'une des premières priorités du groupe sera de briguer la reconnaissance internationale de son régime. Cependant, les États-Unis, leurs alliés proches et d'autres pays ont déclaré qu'ils ne reconnaitraient aucun régime imposé par la force des armes. Une reconnaissance limité de la part de certains pays de la région est probable; le Pakistan, l'Arabie Saoudite, et les Émirats Arabes Unis avaient reconnu le gouvernement précédent des talibans.
Les indications préliminaires laissent présager que la Chine pourrait offrir sa reconnaissance. Les récents combats urbains ont causé des dommages aux infrastructures et provoqué des déplacements de populations, incluant des demandes d'asile dans les pays avoisinants. La réparation des infrastructures et la prévention d'un désastre humanitaire comptent parmi les défis du nouveau régime.
La nature du gouvernement contrôlé par les talibans demeure imprécise. La reddition négociée de certains districts et capitales provinciales, combinée à l'accord avec le chef de guerre Ismail Khan à Hérat, indiquent que le groupe est prêt à faire des compromis et des accommodations sous son régime.
Bien que la participation de membres non-talibans à un futur gouvernement soit possible, ils occuperont probablement des rôles de moindre importance. Une telle approche pourrait renforcer l'image inclusive du groupe et contribuer à sa reconnaissance internationale.
Une fois leur pouvoir consolidé, les talibans vont probablement prendre pour cible l'État islamique au Khorasan (IS-K) en Afghanistan pour démontrer qu'ils n'offriront aucun refuge et gagner ainsi des points pour leur reconnaissance. Cependant, leurs liens étroits avec al-Qaïda vont perdurer, et il est possible qu'ils leur permettent d'opérer dans le pays.
Les voisins de l'Afghanistan auront des relations avec les talibans, ne serait-ce que pour des raisons géographiques, malgré leur soutien antérieur à des accords de paix. Bien que certaines frontières aient été fermées, plusieurs ont réouvert suite à la prise du pouvoir par les talibans, et il est raisonnable de présumer que les frontières opéreront bientôt de façon normale sous le régime taliban.
Les experts de l'équipe GardaWorld d'analyse du risque pour l'Afghanistan ont contribué à cet article.
Pour lire la première partie de cette série d'articles sur l'Afghanistan, consultez Escalade de la violence en Afghanistan à mesure que les talibans s'emparent des zones urbaines.
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